Par , publié le 26 septembre 2024

De la parole aux actes. Après avoir dénoncé pendant plusieurs années les pratiques de Microsoft sur le marché du cloud, Google s’est décidé à saisir la Commission européenne. Mardi, le géant de Mountain View a déposé une plainte à Bruxelles, accusant son grand rival d’abus de position dominante. Il lui reproche en particulier d’avoir mis en place une politique tarifaire double pour les clients de Windows Server, son système d’exploitation pour serveurs, pour les inciter à utiliser sa plateforme de cloud Azure plutôt que ses concurrentes. “C’est notre dernier recours”, justifie-t-on chez Google, qui s’est déjà plaint, en vain, à la Federal Trade Commission, le gendarme américain de la concurrence. Cette procédure devrait prendre plusieurs années avant d’aboutir à une éventuelle amende et à la fin des pratiques incriminées.

Position unique – Parti en retard dans le cloud, Microsoft a décuplé ses efforts après l’arrivée à sa tête de Satya Nadella en 2014. Il occupe désormais la deuxième place du marché. Et profite de l’essor de l’intelligence artificielle générative pour combler l’écart avec Amazon Web Services. Le groupe de Redmond occupe une position unique. Il possède en effet toute une gamme d’outils massivement utilisés par les entreprises. Ses concurrents, américains mais aussi européens, lui reprochent d’en tirer illégalement profit. Cela passe par des tarifs beaucoup plus élevés pour faire tourner sa suite bureautique Office chez ses rivaux. Par des barrières technologiques ne permettant pas de bénéficier d’une expérience optimale. Ou encore par de la vente liée, offrant aux utilisateurs d’Azure des prix inférieurs pour ses autres services.

Cinq fois plus cher – Dans sa plainte déposée devant la Commission européenne, Google insiste particulièrement sur Windows Server, “un outil incontournable dans de nombreux environnements informatiques”. Celui-ci serait “au cœur” de la stratégie de Microsoft pour “verrouiller les clients dans Azure”. Le moteur de recherche met en avant les conditions tarifaires introduites en 2019, qui ont imposé “des sanctions financières extrêmement importantes” aux entreprises souhaitant utiliser Windows Server sur des clouds concurrents. Reprenant un argument marketing de son rival, il souligne que les tarifs sont ainsi multipliés par cinq. Google lui reproche également d’avoir mis en place des “obstacles supplémentaires”, comme des délais dans le déploiement des correctifs de sécurité et des barrières d’interopérabilité.

Accord avec OVH – La plainte de Google intervient deux mois après la résolution à l’amiable des deux autres plaintes déposées à Bruxelles, dont une émanant du français OVHcloud et de deux acteurs européens du secteur. Après deux années de tractations, Microsoft a accepté de modifier certaines pratiques, permettant, selon OVH, aux clients des trois clouds européens de “déployer plus facilement” les services de Microsoft. Cet accord à l’amiable, qui a permis au groupe américain d’éviter une amende, ne s’applique cependant pas à Google, AWS ou Alibaba. En portant l’affaire devant la Commission européenne, le moteur de recherche espère certainement pousser son rival à changer ses méthodes, comme il l’avait déjà poussé à mettre partiellement un terme aux frais de sortie.

Pour aller plus loin:
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