Par , publié le 26 avril 2023

Plus de onze ans après sa création, la division cloud de Google n’avait pas encore dégagé le moindre profit. C’est désormais chose faite. Au premier trimestre, elle a enregistré un bénéfice opérationnel de 191 millions de dollars, après avoir perdu près de deux milliards en 2022. Cette première fait suite à des années d’investissements pour rattraper Amazon et Microsoft, leaders du marché du cloud d’infrastructures. Elle concrétise aussi les nombreux changements imposés par Thomas Kurian, ancien cadre d’Oracle à la barre depuis quatre ans. Pour autant, Google Cloud, qui inclut également la suite logicielle Workplace (Gmail, Docs…), reste encore très loin de ses rivaux en matière de rentabilité. “Nous investissons sur la croissance à long terme”, justifie Ruth Porat, la directrice financière du moteur de recherche.

Six ans de retard – Google ne s’est lancé que fin 2011 dans le cloud d’infrastructures, qui permet à des entreprises et administrations de louer des serveurs plutôt que de déployer leur propre infrastructure informatique. C’est six ans après les débuts d’Amazon Web Services (AWS), le pionnier du secteur. Et aussi deux ans après les premiers pas de Microsoft Azure. En outre, la société n’a passé la vitesse supérieure qu’en 2015. Elle tente depuis de combler le retard au démarrage, mais elle est partie avec d’importants handicaps sur ses deux concurrents directs. Premier à se lancer, Amazon a bénéficié d’une avance considérable, en matière de fonctionnalités, d’implantation géographique, de crédibilité… Microsoft a, lui, tiré profit de dizaines années de relations commerciales avec les entreprises.

20 milliards de pertes – Pour s’imposer sur ce marché, Google n’a pas hésité à investir massivement, en particulier pour ouvrir des dizaines de data centers un peu partout dans le monde. Ces projets coûtent très cher: 750 millions de dollars par exemple pour son dernier site en construction. La société a beaucoup embauché: selon l’agence Bloomberg, sa division cloud comptait 37.000 employés en 2021, soit un quart de ses effectifs. Ces dernières années, elle a aussi multiplié les fonctionnalités. Ces investissements se sont traduits par de lourdes pertes: près de 20 milliards de dollars depuis 2018. Mais ils commencent à porter leurs fruits. La part de marché de Google atteint désormais 11%, selon les estimations du cabinet Synergy. C’est deux fois plus qu’il y a quatre ans.

IA générative – Comme ses rivaux, Google Cloud accuse cependant un ralentissement de sa croissance, tombée au premier trimestre sous la barre des 30%. “Nos clients cherchent à optimiser leurs dépenses en raison du contexte macroéconomique”, reconnaît Ruth Porat. À plus long terme, le géant de Mountain View espère bien profiter de l’émergence de l’intelligence artificielle générative, qui devrait représenter un important relais de croissance pour les plateformes de cloud. Ces modèles nécessitent en effet une immense puissance de calcul, à la fois pour leur entraînement que pour leur fonctionnement. Pour ne pas rater ce virage, Google, Microsoft et Amazon se sont lancés dans une course de vitesse pour proposer des outils permettant à leurs clients de tirer profit de ces avancées.

Pour aller plus loin:
Microsoft promet des concessions dans le cloud
– Après le succès de ChatGPT, Google lance la riposte


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