Par , publié le 7 février 2023

La riposte de Google n’aura pas tardé. Mis sous pression par l’impressionnant succès de ChatGPT, qui aurait attiré plus de 100 millions de curieux en moins de trois mois, le géant de Mountain View a dévoilé lundi son propre robot conversationnel. Baptisé Bard, celui-ci est capable de puiser des données dans de nombreuses sources d’information, puis d’en faire un résumé cohérent. Il reste encore “expérimental” et sera réservé, pour le moment, à un groupe de “testeurs de confiance”. Contrairement à son rival, il sera connecté à Internet, lui permettant de fournir des réponses “actualisées”. Et il sera “bientôt” intégré à son moteur de recherche, a promis Sundar Pichai, le directeur général. La société devrait dévoiler plus de détails ce mercredi, à l’occasion d’un événement qui se tiendra à Paris.

“Code rouge” – Google développe depuis plusieurs années un modèle de langage naturel, appelé LaMDA. Le groupe avait cependant choisi de travailler dans l’ombre, le temps d’améliorer son intelligence artificielle et ainsi d’éviter un “risque réputationnel” lié à des réponses erronées, avait expliqué en décembre Jeff Dean, son responsable de l’IA. Mais l’émergence de ChatGPT l’a certainement poussé à changer ses plans, notamment pour rassurer ses employés et ses investisseurs s’inquiétant de sa capacité à rivaliser. Si les pronostics les plus sombres étaient prématurés, un “code rouge” aurait été déclenché en interne, selon le New York Times. Jusqu’à demander l’aide de Larry Page Sergey Brin, les fondateurs de Google très peu impliqués depuis plusieurs années.

“Informations inexactes” – L’urgence était d’autant plus grande que Microsoft est le principal investisseur d’OpenAI, le concepteur de ChatGPT. Et qu’il n’avait pas caché son intention d’utiliser le chatbot pour améliorer les résultats de Bing, son moteur de recherche. Le secteur est toujours très largement dominé par Google – qui s’accapare 93% du marché, selon les données de Statcounter. Mais les robots conversationnels pourraient bousculer l’ordre établi en offrant une bien meilleure expérience, capable de fournir des réponses très complexes au lieu d’une liste de liens. Pour éviter de perdre son avantage, la société californienne prévoit donc de suivre la même voie que Microsoft. Mais ce déploiement devrait être très progressif, car Bard peut fournir des “informations inexactes”, reconnaît-elle.

Intégration dans le cloud – Bard devrait aider Google à maintenir sa position de leader dans la recherche en ligne – tout en menaçant une partie de son modèle économique, basé sur l’achat de liens sponsorisés. Son robot conversationnel doit aussi lui permettre de mieux rivaliser dans le cloud computing, un marché sur lequel le groupe reste le troisième acteur derrière Amazon et Microsoft. Il prévoit en effet d’intégrer Bard à son offre, dont l’un des points forts a toujours été ses fonctionnalités d’intelligence artificielle. Google ferait ainsi comme le concepteur de Windows, qui a annoncé le mois dernier l’arrivée de ChatGPT sur son cloud Azure. Il pourra ainsi commercialiser LaMDA, et plus tard “d’autres modèles”, selon Sundar Pichai, permettant à ses clients de développer leurs propres applications.

Pour aller plus loin:
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– Dans le cloud, Google accumule de lourdes pertes


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