Par , publié le 17 avril 2024

“Le pire produit que je n’ai jamais testé”. Le constat du Youtubeur vedette Marques Brownlee est brutal. Et n’augure rien de positif pour l’AI Pin, un gadget dopé à l’intelligence artificielle générative, présenté par son concepteur, la start-up américaine Humane, comme le successeur du smartphone. Les reproches, partagés par les autres avis, sont nombreux: temps de réponse à rallonge, réponses fausses, fonctionnalités manquantes, faible durée de vie de la batterie, surchauffe… “Le logiciel n’est pas au niveau où il devrait être”, reconnaît un responsable de la communication de la société, promettant des améliorations à venir. Mais au-delà, la révolution annoncée est loin d’avoir démontré son véritable intérêt. Et elle affiche un prix très élevé, qui ne fait que renforcer les immenses doutes sur son potentiel commercial.

Connecté à ChatGPT – L’AI Pin reprend le principe des assistants vocaux comme Alexa d’Amazon ou le Google Assistant, déjà populaires sur les enceintes et les smartphones. Mais il pousse le principe plus loin: les réponses sont fournies par des robots conversationnels, en particulier ChatGPT, conçu par la start-up OpenAI, dont le patron, Sam Altman, fait partie des actionnaires de Humane. L’AI Pin peut ainsi répondre à des questions – avec les mêmes défauts que ChatGPT: dans une vidéo de présentation déjà peu enthousiasmante, il donnait des informations incorrectes sur la prochaine éclipse solaire. Il peut aussi faire un résumé des mails et messages ratés pendant une journée. Il peut servir de traducteur en temps réel en recréant la voix de l’utilisateur. Et il permet, grâce à sa caméra, d’identifier des objets placés devant lui.

Abonnement mensuel – Disponible aux États-Unis ces prochains jours, avec quelques semaines de retard, l’AI Pin est commercialisé à 699 dollars (657 euros) – aucune information n’a été fournie sur un potentiel lancement à l’international. Ce prix apparaît encore plus important que l’appareil nécessite aussi un abonnement mensuel de 24 dollars, permettant de bénéficier d’appels illimités, d’héberger des photos et vidéos dans le cloud, et surtout de poser autant de questions que souhaité à l’assistant. Cette double tarification peut s’expliquer par la volonté d’Humane de se substituer aux smartphones, et pas uniquement d’être un simple complément. Mais elle reflète également une réalité économique: la start-up doit payer des frais aux services d’IA sur chaque requête effectuée par ses utilisateurs.

Pas d’applications – Lancée en 2018 par deux anciens d’Apple, Humane espère surfer sur deux tendances: la recherche de la prochaine plateforme dominante et l’engouement autour de l’intelligence artificielle générative. Ses dirigeants prévoient de produire 100.000 unités de cette première version – un chiffre qui apparaît extrêmement ambitieux. Avant de voir beaucoup plus grand. Mais au-delà de son prix, l’AI Pin semble encore manquer du plus important: une véritable proposition de valeur. Non seulement la start-up n’a pas dévoilé de killer app, capable de justifier l’achat de son appareil. Mais elle a aussi choisi d’en limiter le potentiel, en ne le dotant pas d’une boutique d’applications. La seule bonne nouvelle pour Humane: les 230 millions de dollars levés, qui devraient lui permettre de survivre à ce démarrage raté.

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