Par , publié le 24 avril 2024

Près de 30 milliards de dollars de subventions publiques accordées en seulement un mois et demi. Après des débuts timides, le Chips Act américain passe à la vitesse supérieure. Depuis début mars, quatre géants des semi-conducteurs ont ainsi profité de cette législation votée à l’été 2022 pour relancer la production de aux États-Unis. Objectif affiché par Washington: produire 20% des puces de pointe d’ici à 2030. Celles-ci sont aujourd’hui fabriquées quasiment intégralement dans les usines asiatiques du fondeur taïwanais TSMC et de son rival sud-coréen Samsung. “Vous ne pouvez pas mener la course dans l’intelligence artificielle si vous ne menez pas aussi celle dans la fabrication de puces de pointe”, souligne Gina Raimondo, la secrétaire américaine au Commerce, qui n’exclut pas de lancer un deuxième plan.

12% de la production – Le Chips Act est doté d’une enveloppe de 39 milliards de dollars pour subventionner la construction d’usines. Une somme similaire à celle mobilisée par l’Union européenne. Mais trois fois inférieure aux aides publiques accordées par la Chine. Les États-Unis promettent aussi d’investir 13 milliards dans la recherche. Ils espèrent ainsi inverser le déclin de la production nationale. En 2022, seulement 12% des semi-conducteurs ont été fabriqués outre-Atlantique, contre 37% en 1990. La proportion est encore plus faible pour les composants les plus avancés. Comme les Européens, le pays a été supplanté par la montée en puissance des groupes asiatiques, en particulier de TSMC qui a popularisé le modèle fabless (sous-traitance). Et qui produit aujourd’hui les puces de Nvidia, Qualcomm ou encore Apple.

Subventions indispensables ? – Jusqu’à présent, le gouvernement américain n’avait accordé que de petites subventions dans le cadre du Chips Act. “Les négociations sont difficiles”, reconnaissait en février Gina Raimondo. Depuis, les officialisations se multiplient. TSMC va recevoir 6,6 milliards de dollars. Intel va récupérer 8,5 milliards. Samsung va bénéficier d’une subvention de 6,4 milliards. Et Micron de 6,1 milliards. Ces montants mirobolants sont indispensables, selon ces grandes multinationales, qui se savent en position de force compte tenu de la compétition entre les différents pays. Non seulement en raison des gigantesques investissements nécessaires – TSMC prévoit, par exemple, de dépenser 65 milliards pour bâtir trois usines aux États-Unis. Mais aussi pour combler l’écart de coûts avec les pays asiatiques.

Retards – En 2022, TSMC estimait que les coûts de production étaient 50% plus élevés aux États-Unis qu’à Taïwan. Cet écart s’explique par des salaires plus importants, mais aussi par les coûts de construction et par des réglementations environnementales plus contraignantes. La semaine dernière, le fondeur a prévenu qu’il récupercuterait cette différence sur ses prix. Selon le quotidien taïwanais Digitimes, il prévoit ainsi de vendre ses puces américaines 20 à 30% plus cher que celles fabriquées dans son pays. Les ambitions des États-Unis se heurtent aussi à une autre réalité: la pénurie de travailleurs qualifiés sur ces chantiers très complexes. Dans l’Arizona, TSMC a ainsi dû repousser l’ouverture de ses usines. Des délais qui touchent aussi ses futurs fournisseurs, qui attendent toujours de se voir accorder des subventions publiques.

Pour aller plus loin:
– Face à la pénurie de puces, TSMC lance un plan d’investissement record
– L’Europe va investir 43 milliards d’euros dans les puces


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