Par , publié le 18 avril 2023

43 milliards d’euros pour relancer la production de semi-conducteurs en Europe. Mardi, les institutions européennes ont trouvé un compromis sur le Chips Act, ouvrant la voie à son adoption définitive. Ce vaste plan d’investissements publics et privés, dévoilé l’an passé, s’accompagne d’un objectif très ambitieux: doubler la part de marché du continent d’ici à 2030. Les Vingt-Sept espèrent notamment attirer les grands fabricants mondiaux de puces électroniques en leur accordant des subventions publiques. Et ainsi réduire une double dépendance, aux Etats-Unis pour le design des puces électroniques et aux pays asiatiques pour leur fabrication. Sécuriser l’approvisionnement européen est désormais un enjeu de souveraineté industrielle, alors que ces composants sont de plus en plus indispensables.

Quadrupler la production – L’Europe représente aujourd’hui environ 10% de la production mondiale de semi-conducteurs. Celle-ci est majoritairement concentrée en Asie, notamment à Taïwan où est basé le premier fondeur mondial TSMC. Cette proportion tombe, de surcroît, à zéro pour les puces les plus avancées. Pour atteindre 20% du marché en 2030, l’effort s’annonce donc considérable. “Sachant que le marché devrait doubler d’ici là, il faut multiplier par quatre notre propre production”, reconnaît Thierry Breton, le commissaire au Marché intérieur. L’objectif sera d’autant plus difficile à atteindre que l’Europe n’est pas la seule à investir massivement dans le secteur. Les États-Unis, la Chine, la Corée du Sud ou encore le Japon se sont dotés de plans similaires.

Puces avancées – Le plan européen prévoit d’abord 30 milliards d’euros d’aides publiques, accordées par les différents Etats membres. Initialement, ces subventions ne pouvaient être accordées qu’aux projets de développement des puces de dernière génération. Mais le texte final autorise désormais le financement de composants moins avancés et de centre de recherche ou de design. L’Europe espère ainsi convaincre TSMC, Intel ou Samsung d’implanter des usines sur le continent. Pour ces projets qui se chiffrent à plusieurs milliards de dollars, ces groupes n’hésitent pas à mettre en compétition plusieurs pays ou régions. Face à la concurrence des États-Unis notamment, la Commission européenne va déroger à certaines règles sur les financements publics – tout en appelant, paradoxalement, à éviter la surenchère.

Recherche – Avant même l’adoption définitive du texte, trois premiers projets sont déjà en cours. En Allemagne, Intel prévoit de construire une méga-usine dont le coût est désormais estimé à 30 milliards d’euros. En Italie, le géant américain doit aussi ouvrir un site de production plus modeste. En France, STMicroelectronics s’est associé avec le fondeur américain GlobalFoundries, pour une usine qui coûtera près de 7 milliards d’euros. Tous les fabricants qui bénéficieront de subventions publiques devront accepter de réserver, en cas de pénurie, une partie voire l’ensemble de leur production à leurs clients européens. L’Europe souhaite par ailleurs flécher onze milliards d’euros vers la recherche et le développement. Et deux milliards supplémentaires doivent être investis dans des start-up du secteur.

Pour aller plus loin:
– Intel réclame des milliards supplémentaires pour ses usines européennes
ASML, le géant européen inconnu des semi-conducteurs


No Comments Yet

Comments are closed

Contactez-nous  –  Politique de confidentialité