Par , publié le 9 mars 2023

La méga-usine européenne d’Intel pourrait coûter entre quatre et cinq milliards d’euros de plus aux contribuables allemands. Selon l’agence Bloomberg, le géant américain des semi-conducteurs réclamerait en effet de nouvelles subventions publiques à Berlin, qui avait déjà accepté de lui verser près de 7 milliards. Depuis mai 2022, date à laquelle le site Magdebourg, dans l’est du pays, avait été sélectionné aux dépens d’une installation en France, “les perturbations de l’économie mondiale ont provoqué une hausse des coûts, de la construction à l’énergie”, justifie le groupe. Le montant de l’investissement ne sera plus de 17 milliards d’euros, assure-t-il, mais de 30 milliards. Intel demande ainsi au gouvernement allemand de supporter 40% de ces coûts additionnels.

Investissements en Europe – En attendant une réponse, la construction de la méga-usine de Magdebourg a été repoussée. Intel prévoit d’y créer 3.000 emplois, pour produire des puces dernier cri. Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un vaste plan d’investissements annoncé en 2021 par Pat Gelsinger, le nouveau patron d’Intel. En Europe, la société prévoit de dépenser 80 milliards d’euros en dix ans. Elle va investir 12 milliards pour moderniser et agrandir sa seule usine européenne, située en Irlande. Elle va également construire un site d’assemblage en Italie – un projet qui pourrait être aussi reporté. En France, Intel va embaucher un millier d’ingénieurs pour son nouveau centre de recherche à Saclay. Des investissements supplémentaires vont être réalisés en Espagne et en Pologne.

Aides publiques – Dès le départ, l’Allemagne faisait office de favorite pour accueillir la méga-usine d’Intel. Le pays présente de sérieux atouts: une expertise dans la production de semi-conducteurs, un réseau de sous-traitants déjà bien établi et la proximité d’importants clients, à commencer par les constructeurs automobiles allemands. D’ailleurs, le géant taïwanais TSMC réfléchit aussi à implanter sa première usine européenne outre-Rhin. Cela n’avait pas empêché Pat Gelsinger de faire le tour des grandes capitales européennes pour faire monter les enchères. Et ainsi décrocher d’importantes subventions publiques, nécessaires selon lui pouvoir rivaliser avec les usines taïwanaises et coréennes, qui affichent des coûts de production plus faibles.

Plan européen – Compte tenu des enjeux, il semble probable qu’un compromis puisse être trouvé, par exemple en incluant des crédits d’impôts. Comme ses rivaux, Intel se trouve en effet en position de force, alors que l’Europe et les États-Unis souhaitent doper leur production de puces, pour le moment essentiellement fabriquées en Asie. L’an passé, la Commission européenne a dévoilé un important plan d’investissements, incluant une enveloppe de 30 milliards d’euros de subventions. Face à la concurrence américaine, Bruxelles se dit aussi prête à déroger à certaines règles sur les financements publics. En échange, tous les fabricants aidés devront accepter de réserver, en cas de pénurie, une partie de leurs puces à leurs clients européens.

Pour aller plus loin:
– Comment Intel veut redevenir le roi des puces
– L’Europe veut investir 43 milliards d’euros dans les puces


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