Par , publié le 25 mars 2021

Pat Gelsinger n’a pas perdu de temps. Un mois après sa prise de fonction, le nouveau directeur général d’Intel a présenté mardi soir son plan de relance. Celui-ci passe notamment par la remise en cause du modèle historique d’intégration verticale, qui a fait la force de la société américaine mais qui représente aujourd’hui un handicap face à ses rivaux. En clair, elle sous-traitera désormais une partie de la production de ses processeurs les plus avancés, en particulier au taïwanais TSMC. Mais Intel se veut aussi ambitieux: il prévoit d’investir 20 milliards de dollars pour construire deux nouvelles usines en Arizona.

Retard important – Fondé en 1968 à Santa Clara, en plein cœur de la Silicon Valley, le groupe a longtemps dominé le marché. En particulier grâce aux ordinateurs et serveurs Wintel, équipés du système d’exploitation Windows et de processeurs Intel. Depuis la société paie des erreurs stratégiques et des mauvais choix technologiques. Elle a ainsi raté le virage du mobile, supplantée par l’architecture Arm. Et a pris un énorme retard sur les gravures les plus fines, perfectionnées par TSMC et Samsung, qui fabriquent les processeurs de ses concurrents. En outre, de gros clients d’Intel conçoivent désormais leurs propres puces, dont ils sous-traitent la production. C’est le cas d’Apple pour ses Mac ou encore d’Amazon et de Google pour leurs centres de données.

Lourds investissements – Pour Intel, le recours à la sous-traitance s’inscrit dans la logique du marché. D’autant plus que Pat Gelsinger a annoncé mardi un nouveau retard pour les processeurs gravés en 7 nanomètres, dont la sortie n’est plus attendue avant 2023. Le modèle intégré, de la conception à la production, a en effet montré ses limites. Il a été dépassé par le modèle “fabless”, c’est-à-dire sans usine. La fabrication des processeurs les plus avancés nécessite en effet des investissements massifs, qui ne peuvent être rentabilisés que par d’importants volumes. TSMC prévoit ainsi d’investir 28 milliards de dollars cette année. Dans cette course à l’innovation, les fonderies tierces, qui comptent de nombreux clients, sont nettement avantagées.

Copier TSMC – Pour autant, Intel promet de produire en interne la grande majorité de ses puces. Pat Gelsinger prend ainsi le contre-pied de l’investisseur activiste Daniel Loeb, à l’origine de l’éviction de son prédécesseur Robert Swan. Et qui milite, lui, pour la vente de toutes les usines. Le patron d’Intel va même encore plus loin. En plus des usines en Arizona, il souhaite ouvrir d’autres sites aux Etats-Unis et en Europe. Il compte demander des subventions, alors que Washington et Bruxelles veulent réduire leur dépendance aux puces fabriquées en Asie. Surtout, il prévoit de produire des processeurs pour d’autres, même pour ses rivaux. Cela doit permettre d’atteindre des volumes suffisamment élevés. Autrement dit, Intel ambitionne de copier la formule qui a fait la puissance de TSMC.

Pour aller plus loin:
– Nvidia devrait racheter Arm… à condition d’obtenir le feu vert des autorités
– Apple veut s’émanciper des puces 5G de Qualcomm


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