Par , publié le 22 novembre 2021

Ce sont deux usines à plusieurs milliards de dollars qui attirent les convoitises, mais qui inquiètent aussi Bruxelles. La semaine dernière, la Commission européenne a appelé les Etats à ne pas céder à la surenchère pour attirer les fabricants de semi-conducteurs. En particulier Intel, qui prévoit d’ouvrir deux sites de production de puces électroniques sur le continent. Et qui fait le tour des capitales pour négocier d’importantes subventions. “Il faut éviter une surenchère qui serait néfaste pour tout le monde”, estime Margrethe Vestager, la commissaire à la Concurrence, qui promet d’instaurer des “garde-fous élevés” pour éviter un tel scénario.

Concurrence – Face à la pénurie sur le marché des semi-conducteurs, Intel, TSMC ou encore Samsung ambitionnent d’augmenter leur production. Mais la construction de nouvelles usines nécessite des investissements colossaux. Notamment parce que les machines de pointe, fournies par le néerlandais ASML, coûtent plusieurs centaines de millions de dollars. Les fabricants savent cependant qu’ils peuvent obtenir des aides publiques élevées. Il leur suffit, par exemple, de faire jouer la concurrence entre l’Europe et les Etats-Unis, qui cherchent à doper leur production. Mais aussi entre les pays européens ou entre les Etats américains, qui se disputent des milliers d’emplois.

Bataille franco-allemande“Ce que nous demandons aux gouvernements américain et européens, c’est de rendre compétitif le fait de produire ici plutôt qu’en Asie”, assure Pat Gelsinger, le nouveau patron d’Intel. En Europe, le géant américain avance un investissement de 80 milliards d’euros sur dix ans, pour lequel il tente d’obtenir 10 milliards d’aides. Intel indique que dix pays se sont manifestés pour accueillir l’une de ses deux fonderies européennes. Selon l’agence Reuters, quatre pays restent en course. L’Allemagne et la France d’une part pour construire une méga-usine. L’Italie et la Pologne d’autre part pour attirer un site d’assemblage.

20% du marché en 2030 – L’Union européenne souhaite rattraper une partie de son retard dans la production de semi-conducteurs, notamment pour renforcer sa souveraineté industrielle. Le continent représente aujourd’hui moins de 10% de la production mondiale, majoritairement concentrée en Asie. Cette proportion tombe, de surcroît, bien plus bas pour les puces les plus avancées. La Commission s’est fixé un objectif ambitieux: atteindre 20% du marché des semi-conducteurs d’ici à 2030. Pour y parvenir, elle espère mobiliser jusqu’à 30 milliards d’euros d’investissements publics et privés, pour financer la production et la recherche.

Pour aller plus loin:
– Comment Intel veut redevenir le roi des puces
– ASML, le géant européen inconnu des semi-conducteurs


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