Par , publié le 28 avril 2021

La crise des semi-conducteurs ne se joue pas seulement dans les méga-usines taïwanaises de TSMC, le premier fabricant mondial. Elle se joue aussi à 10.000 kilomètres de là, à Veldhoven, une petite ville néerlandaise située à une heure de route au sud d’Amsterdam. C’est ici qu’est implantée ASML, une entreprise aussi méconnue du grand public qu’essentielle pour des pans entiers de l’industrie. Sa spécialité: les machines-outils qui permettent de produire les puces électroniques. Elle est notamment la seule au monde à concevoir les machines de dernière génération, indispensables pour réaliser les gravures les plus fines.

Ultraviolet extrême – Fondée en 1984, ASML contrôle aujourd’hui plus de 60% du marché, devançant très nettement ses deux rivaux japonais Nikon et Canon. Elle possède surtout une position de monopole pour les puces les plus avancées. Celle-ci s’explique par un pari audacieux réalisé il y a une vingtaine d’années. À l’époque, le groupe mise sur une nouvelle technique, la lithographie par rayonnement ultraviolet extrême (EUV en anglais). Le procédé est complexe. Et les déconvenues sont multiples. Les premières machines n’entrent en service qu’en 2018. Mais depuis, les grands producteurs mondiaux, comme TSMC, Intel et Samsung, les ont adoptées.

31 exemplaires en 2020 – Face à l’augmentation de la demande, ASML peine à accélérer ses cadences de production. Vendues à plus de 100 millions d’euros pièce, ses machines EUV exigent en effet des process industriels de pointe et une chaîne logistique extrêmement poussée. La production implique environ 5.000 sous-traitants et s’étale sur plus de quatre mois. Le transport, effectué en pièces détachées, nécessite trois avions-cargos. L’an passé, la société a livré et assemblé 31 exemplaires chez ses clients, contre 26 en 2019. Elle table sur une quarantaine de livraisons cette année, avant de pouvoir réellement augmenter le rythme en 2022.

Top 4 européen – Ses dirigeants se montrent très optimistes pour la suite. L’essor attendu de la 5G et de l’intelligence artificielle va faire gonfler les besoins en puces encore plus sophistiquées. Et donc l’intérêt pour ses machines les plus performantes. En 2025, celles-ci devraient représenter trois quarts de sa production, contre moins de 15% aujourd’hui. La société espère également profiter de la course à la souveraineté industrielle. L’Europe, les Etats-Unis et la Chine veulent en effet décupler leur capacité de production de semi-conducteurs. En Bourse, ces perspectives ont porté ASML au rang de quatrième capitalisation boursière européenne. Et aussi devant Intel et Qualcomm.

Pour aller plus loin:
– Face à Intel, TSMC va investir plus de 100 milliards de dollars
– Comment Intel veut redevenir le roi des puces


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