Par , publié le 22 mai 2024

Vingt-cinq ans après son lancement, Google connaît le changement le plus radical de son histoire. La semaine dernière, le moteur de recherche a entamé le déploiement à grande échelle de réponses générées par l’intelligence artificielle au sein de ses résultats – d’abord aux États-Unis et “prochainement” dans d’autres pays. Une évolution qu’il a mis du temps à concrétiser, contrairement à Microsoft, qui a très vite ajouté l’IA à son moteur Bing. Non seulement parce que la technologie commet encore de nombreuses erreurs factuelles. Mais aussi parce qu’elle menace ses profits. Les rumeurs autour du lancement d’un outil de recherche par OpenAI, le concepteur de ChatGPT, ont certainement accéléré son calendrier. Tout comme le succès de la start-up Perplexity AI, qui propose un outil de recherche repensé pour tirer profit de l’IA.

Au-dessus des liens – Google promet que l’IA va offrir une “expérience de recherche entièrement repensée”. Concrètement, un module baptisé “AI Overview” s’affiche désormais en haut de la page de résultats pour certaines requêtes, au-dessus des traditionnels liens et extraits de site Internet. Ce texte structuré, citant plusieurs sources, est généré par Gemini, le grand modèle de langage de la société. L’IA sera aussi capable de construire l’intégralité d’une page en classant dans différentes catégories des suggestions de restaurants, films ou recettes. Ou encore de planifier un voyage en utilisant Maps et en allant chercher des informations nécessaires directement sur un compte Gmail. Enfin, il sera possible de poser une question avec une vidéo, par exemple pour comprendre pourquoi un appareil électronique ne fonctionne plus.

Inertie des internautes – L’IA générative n’a pas encore eu un impact majeur pour Google. Mais elle pourrait rebattre les cartes sur un secteur verrouillé par le géant de Mountain View – 91% de part de marché, selon Statcounter. Aux États-Unis, il a d’ailleurs perdu un peu de terrain face à Bing. Perplexity revendique plus de dix millions d’utilisateurs mensuels. Et la menace la plus sérieuse pourrait venir d’OpenAI. Face à cette nouvelle concurrence, le leader du marché peut compter sur l’inertie des internautes, qui mettent du temps à modifier des habitudes bien ancrées. Liz Reid, la nouvelle directrice de Google Search, met aussi en avant sa base de données de plus de “1.000 milliards de faits” et son “incomparable système de classement”, qui doivent permettre de faire remonter les informations les plus pertinentes.

Version payante ? – L’émergence de l’IA représente un danger pour le modèle économique de Google. D’une part, les coûts d’inférence pourraient se traduire par un surcoût potentiel de 6 milliards de dollars par an, soit 8% des profits réalisés en 2023, selon les analystes de Morgan Stanley. D’autre part, l’intégration de l’IA pourrait provoquer une baisse du nombre de clics. Or, l’empire publicitaire de Google est bâti sur les liens sponsorisés, vendus aux annonceurs pour apparaître tout en haut de la page de résultats. Certes, le groupe teste quelques idées pour intégrer des publicités dans les réponses fournies par l’IA. Mais ces nouveaux formats ne seront pas adaptés à toutes les recherches. Selon le Financial Times, ses dirigeants réfléchissent ainsi à rendre payant l’accès à certaines fonctionnalités.

Pour aller plus loin:
– Avec l’aide de Microsoft, OpenAI veut concurrencer Google
– Perplexity AI, la start-up qui veut “ringardiser Google”


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