Par , publié le 21 février 2024

En novembre 2022, lors du lancement de ChatGPT, certains observateurs prédisaient déjà la mort de Google. Un peu plus d’un an plus tard, le géant américain de la recherche en ligne souffre très peu de la concurrence du robot conversationnel conçu par OpenAI. Pour le moment du moins. Selon le média The Information, la start-up américaine travaille en effet sur son propre moteur de recherche, capable de tirer profit des avancées de l’intelligence artificielle générative. Et ainsi de remplacer les traditionnels liens ou petits extraits de sites Internet par des réponses plus complexes et détaillées. Une nouvelle expérience utilisateur qui pourrait, espèrent plusieurs acteurs, remettre en cause la domination écrasante de Google, qui s’accapare plus de 90% du marché, selon les estimations du cabinet StatCounter.

Association avec Bing – Depuis sa création en 2015, OpenAI n’a jamais mentionné des ambitions dans la recherche en ligne. Ni publié d’articles scientifiques sur le sujet. Selon The Information, la société ne développe pas son propre système d’indexation du Web. Elle préfère se reposer sur Bing, le moteur de Microsoft, son principal actionnaire. Elle pourrait aussi tirer parti des travaux déjà menés par le groupe de Redmond pour combiner des informations récupérées sur des sites Internet avec des réponses générées par une IA. Cette technologie a été déployée l’an passé sur Bing. À l’époque, les dirigeants de Microsoft espéraient surfer sur l’engouement autour de ChatGPT. Mais ils ont dû se rendre à l’évidence: en un an, la part de marché de Bing est restée stable, naviguant à peine au-dessus des 3%.

Ringardiser Google – Changer des habitudes bien ancrées nécessite une expérience “dix fois meilleure”, souligne Brian Nowak, analyste chez Morgan Stanley. Ce qui n’est pas encore le cas. En outre, l’IA générative souffre toujours d’un déficit de crédibilité, en raison de nombreuses erreurs factuelles. Et elle ne permet pas encore de réaliser tous les types de requêtes. Bing est aussi handicapé par une mauvaise image de marque, à l’inverse d’OpenAI. Pourtant, près de la moitié des Américains se disent intéressés par des recherches en ligne dopées à l’IA, selon un sondage mené en février 2023 par le cabinet Morning Consult. “Google va être perçu comme quelque chose de ringard”, prédit ainsi Aravind Srinivas, fondateur de la start-up Perplexity AI, qui revendique 10 millions d’utilisateurs pour son moteur de recherche.

Google réagit – Le problème pour OpenAI et Perplexity AI, c’est que Google ne reste pas les bras croisés. Pris de surprise par le lancement de ChatGPT, ses dirigeants ont pris conscience du danger. Très vite, le groupe de Mountain View a lancé un robot conversationnel, reposant sur les grands modèles de langage qu’il conçoit en interne. Depuis plusieurs mois, il mène aussi des tests pour intégrer l’IA générative dans les résultats de son moteur. Contrairement à Microsoft, il prend son temps avant de déployer ces nouveautés au plus grand nombre, mais se tient prêt à dégainer rapidement si besoin. Par ailleurs, ses rivaux pourraient être pénalisés par les coûts de fonctionnement de l’IA générative et par la nécessité de repenser le modèle économique de la recherche. Google dispose, lui, des ressources financières pour y faire face.

Pour aller plus loin:
– OpenAI abandonne le développement de son dernier modèle de langage
– Comment OpenAI tente d’éviter de nouvelles poursuites judiciaires


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