Le “New Bing”. Quatorze ans après son lancement, le moteur de recherche de Microsoft s’offre une véritable cure de jouvence. Distant deuxième, très loin derrière Google, le voilà désormais enrichi du robot conversationnel ChatGPT, dont les capacités impressionnent depuis son ouverture au public fin novembre. Grâce à ce nouveau champion de l’intelligence artificielle, conçu par la start-up OpenAI, Bing pourra offrir des réponses plus complexes et détaillées, au lieu de simples liens ou de petits extraits d’un site Internet. “C’est le début d’une nouvelle ère pour la recherche en ligne”, s’est enthousiasmé Satya Nadella, le patron de la société, lors d’un événement organisé mardi au siège de Redmond. Cette nouvelle version est déjà accessible, mais seulement dans un “aperçu limité”.
Erreurs factuelles – Concrètement, les recherches sur Bing peuvent désormais atteindre jusqu’à 1.000 caractères. La page des résultats est divisée en deux: à gauche, les traditionnels liens et à droite, la réponse fournie par ChatGPT. Un nouvel onglet permet de discuter directement avec le robot. L’intégration à Bing ajoute deux modifications majeures: une connexion à Internet, pour afficher des réponses actualisées, et une liste des sources utilisées. Reste un problème important: les nombreuses erreurs factuelles constatées sur ChatGPT. Un responsable de Microsoft a d’ailleurs reconnu que les résultats ne seront pas “parfaits”. En décembre, Sam Altam, le patron d’OpenAI, était allé plus loin: “Ce serait une erreur d’utiliser ChatGPT pour des choses importantes”.
3% du marché – Microsoft dispose de liens privilégiés avec OpenAI, dans lequel il va injecter plusieurs milliards de dollars au cours des prochaines années. Le créateur de Windows prévoit d’intégrer ChatGPT dans de nombreux produits, comme son cloud Azure, sa suite bureautique Office ou encore sa plateforme de visioconférence Teams, leur permetant de se démarquer de la concurrence. En déployant aussi le chatbot sur Bing, Microsoft souhaite offrir une nouvelle expérience de recherche aux internautes, plus puissante et plus conversationnelle. Et ainsi donner un coup de fouet à son moteur, dont la part de marché culmine, selon les données de Statcounter, à seulement 3% – essentiellement des utilisateurs du navigateur Edge de Microsoft, sur lequel Bing est le moteur par défaut.
Google menacé ? – En ajoutant dès aujourd’hui ChatGPT à Bing, Microsoft espère prendre Google de vitesse. Le groupe californien, qui capte 93% des recherches en ligne, vient de dévoiler son propre robot conversationnel. Mais l’intégration à son moteur de recherche devrait prendre plusieurs mois. Suffisant pour relancer son principal rival ? Si l’intérêt pour les robots conversationnels est très fort – ChatGPT aurait attiré plus de 100 millions de curieux en moins de trois mois –, deux éléments plaident pour Google. D’abord, son moteur reste bien meilleur dans de nombreux domaines. Ensuite, il bénéficie d’une certaine inertie des internautes. Pour faire bouger les lignes, la concurrence doit être “dix fois meilleure”, souligne Brian Nowak, analyste chez Morgan Stanley.
Pour aller plus loin:
– Après le succès de ChatGPT, Google lance la riposte
– Microsoft investit plusieurs milliards de dollars dans ChatGPT
