Par , publié le 26 juin 2024

Les concessions de Microsoft n’ont pas satisfait Bruxelles. Mardi, la Commission européenne a donc passé une étape supplémentaire dans sa procédure, déclenchée officiellement l’an passé, contre Teams. Après enquête, elle estime en effet que le géant de Redmond a abusé de la position dominante de sa suite bureautique Microsoft 365, très populaire en entreprises, pour imposer sa plateforme de communication et de collaboration professionnelles. Non seulement, il s’est livré, pendant plus de quatre ans, à une vente liée obligatoire, rendant de fait gratuit l’accès à Teams pour l’ensemble de ses clients. Mais il a aussi, selon Bruxelles, volontairement limité l’interopérabilité entre ses autres produits maison et les concurrents, comme Slack ou Zoom, ce qui a pu pousser certaines entreprises à opter pour sa plateforme.

Plainte de Slack – Lancé en 2017 comme une plateforme de messagerie en entreprises, Teams était la réponse de Microsoft au succès de la start-up Slack. Dès le départ, la société décide de l’inclure au sein de sa suite bureautique, qui donne également accès aux versions en ligne de Word, Excel ou encore PowerPoint. Cela lui assure de toucher une immense base d’utilisateurs, tout en empêchant qu’ils commencent à sortir de son écosystème. Cette pratique fait bondir Slack, qui décide de déposer plainte devant la Commission européenne à l’été 2020, réclamant que son rival soit vendu séparément à un “prix raisonnable”. Depuis, le succès de Teams s’est accentué, profitant de la crise sanitaire et de l’ajout des visioconférences. Fin 2023, le service comptait ainsi plus de 320 millions d’utilisateurs, gratuits ou payants.

Vendu seul – Microsoft a fait plusieurs concessions pour tenter d’éviter une amende. Depuis l’an passé, la société propose en Europe – et désormais partout dans le monde – des abonnements à sa suite 365 ne comprenant pas un accès aux fonctionnalités payantes de Teams. Cette offre permet d’économiser entre un et deux euros par mois. Un écart de prix qui n’est pas assez important, selon Bruxelles, pour refléter la véritable valeur de Teams. Et surtout pour avoir un impact sur le paysage concurrentiel: Slack est commercialisé à partir de 6,75 euros par mois et Zoom à partir de 13,99 euros. Microsoft a aussi “pris des mesures en matière d’interopérabilité”, assure son président Brad Smith. Et ne force plus les abonnés de 365 à installer obligatoirement Teams. Mais ces ajustements restent “insuffisants” pour la Commission.

Dans le cloud aussi – La procédure de Bruxelles marque un tournant pour Microsoft, qui avait réussi à passer sous le radar des autorités de la concurrence pendant des années. Certes, le groupe a déjà été condamné à plusieurs reprises en Europe, notamment pour avoir profité de la position quasi monopolistique de Windows afin de forcer l’utilisation par défaut de logiciels maison, comme son navigateur Internet Explorer. Mais il n’avait jamais été inquiété pour les nouveaux piliers de sa puissance: sa suite bureautique et son cloud Azure. Dans le cloud, justement, Microsoft est aussi dans le viseur de Bruxelles, après une plainte déposée par plusieurs acteurs européens, dont le français OVHcloud. Il est également accusé de se livrer à la vente liée et de limiter l’interopérabilité entre ses concurrents et ses logiciels.

Pour aller plus loin:
– Microsoft et OpenAI échappent à une procédure antitrust en Europe
– L’Europe ouvre une procédure contre Apple dans le cadre du DMA


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