Par , publié le 4 avril 2022

Longtemps épargné par les autorités de la concurrence, Microsoft se retrouve à son tour dans le collimateur de Bruxelles. Saisie notamment par le français OVHcloud, la Commission européenne se penche en effet sur Azure, l’offre de cloud du géant de Redmond. Comme c’est habituellement le cas dans ce type de procédure, un questionnaire a récemment été envoyé à ses rivaux et à ses clients. Celui-ci doit permettre de déterminer si la société s’est rendue coupable d’abus de position dominante, ce qui justifierait alors des poursuites. Des investigations semblables ciblent également Teams, la plateforme de communication et de collaboration en entreprises.

Vente liée – Déposée cet été, la plainte d’OVH était restée secrète jusqu’au mois dernier. Accompagné de deux autres acteurs européens, le spécialiste français du cloud accuse le groupe américain de porter atteinte à la “concurrence loyale”. Concrètement, il lui reproche d’abord la vente liée d’Azure avec sa suite bureautique Office et son système d’exploitation pour serveur Windows Server. Cela signifie que les tarifs de ces services sont plus élevés si les clients les exploitent sur des cloud concurrents de Microsoft. Le groupe roubaisien assure par ailleurs que les logiciels du créateur de Windows ne fonctionnent pas aussi bien sur les autres plateformes.

Domination américaine – Ces deux critiques ne sont pas nouvelles – et ne concernent pas seulement Microsoft. Elles sont régulièrement soulevées par des acteurs européens du cloud. Interrogée la semaine dernière par Reuters, Margrethe Vestager, la commissaire européenne à la Concurrence, assurait cependant n’avoir “aucune inquiétude” sur la situation concurrentielle du marché, promettant une compétition renforcée grâce au projet de cloud européen Gaia-X. Portés par d’importants investissements, Amazon, Microsoft et Google s’accaparent près de 70% du marché sur le continent, selon les estimations du cabinet Synergy. En cinq ans, la part de marché de leurs rivaux européens est tombée de 27% à seulement 16%.

Puissance “en coulisses” – Cela faisait près de dix ans que Microsoft n’avait plus été ciblé par Bruxelles. Entre 2004 et 2013, la société avait été condamnée à payer 1,6 milliard d’euros d’amendes. Depuis, elle était passée sous le radar des politiques et des autorités de la concurrence. Deuxième capitalisation boursière mondiale, elle reste pourtant un mastodonte. Mais un mastodonte beaucoup plus discret que les autres géants américains. Alors que les PC ont été supplantés par les smartphones, Microsoft n’est en effet plus au cœur de notre vie numérique. Sa puissance se trouve “en coulisses”, avec Office et Azure, loin des yeux et des préoccupations de l’opinion publique et de la classe politique.

Pour aller plus loin:
– OVH peut-il vraiment rivaliser avec les géants américains ?
– Comment Microsoft passe sous le radar des autorités de la concurrence


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