Par , publié le 15 septembre 2020

L’obsession l’habite depuis cinq ans. Mais Masayoshi Son ne désespère pas. Selon les informations du Financial Times, confirmées par Bloomberg, l’homme d’affaires japonais cherche de nouveau à retirer de la cote Softbank, le petit magasin d’informatique devenu en 40 ans un gigantesque conglomérat. Cette opération, qui s’annonce complexe à financer, lui permettrait de pouvoir mener une nouvelle stratégie d’investissements à l’abri des pressions des marchés financiers. Et viendrait parachever une impressionnante série de grandes manœuvres financières.

Vente d’Arm – Mis à mal par des investissements ratés dans des start-up, comme WeWork, Uber ou Oyo, Softbank a lancé en mars un important plan de cession d’actifs. Celui-ci doit lui rapporter jusqu’à 4.500 milliards de yens (36 milliards d’euros), pour réduire sa dette et racheter ses propres actions. Lundi, il a ainsi annoncé qu’il allait revendre le spécialiste des puces mobiles Arm Holdings au groupe américain Nvidia. Montant de l’opération: 40 milliards de dollars, dont près de la moitié en cash. Quelques heures plus tard, l’entreprise a récupéré plus de 10 milliards de dollars en vendant sur les marchés un tiers du capital de l’opérateur japonais Softbank Mobile.

100 milliards à trouver – Masayoshi Son cherche ainsi à faire remonter le cours de son action. Sur ce point, il n’a réussi qu’à moitié: si le titre Softbank a touché en juillet son plus haut niveau historique, il est encore loin de refléter la valeur réelle de toutes ses participations dans Alibaba, Yahoo Japan ou encore T-Mobile US. Une situation qui agace le patron de Softbank. Pour mener un retrait de la cote, il faudra débourser environ 80 milliards d’euros. Le groupe devra donc s’endetter, en bénéficiant de taux d’intérêt faibles, ou s’associer avec des partenaires espérant tirer profit de cet écart de valorisation. Le fonds américain Elliott et le fonds souverain d’Abou Dabi auraient déjà été contactés en mars.

Investissements risqués – En sortant de la cote, Softbank retrouverait une marge de manœuvre plus grande pour mener sa mue. Le conglomérat, qui se voit en effet de plus en plus comme un gestionnaire d’actifs, n’aurait plus à justifier ses investissements – ni même à révéler leurs performances. Habitué à soutenir des start-up, Softbank souhaite désormais investir 10 milliards dans des sociétés cotées en Bourse. Au 30 juin, il détenait pour près de 4 milliards d’actions d’Amazon, Microsoft, Alphabet, Netflix ou encore Tesla. La société a aussi acheté pour 4 milliards de dollars de produits dérivés. Une stratégie à risques que les marchés n’ont pas appréciée.


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