Par , publié le 22 septembre 2020

Six mois après son lancement, Quibi se rapproche de plus en plus de l’accident industriel. Très loin de ses objectifs initiaux, la plate-forme de streaming vidéo, pensée pour les smartphones, peine toujours à trouver son public. Et elle doit désormais chercher des solutions alors que sa trésorerie fond rapidement. Selon le Wall Street Journal, la société étudie ainsi trois scénarios: une nouvelle levée de fonds, une introduction en Bourse via une SPAC – une procédure qui recontre un succès grandissant à Wall Street – et même une vente.

Moyens colossaux – Au rythme actuel, le nombre d’abonnés devrait être inférieur à deux millions au bout d’un an, contre 7,4 millions espérés. Fondée en 2018, l’entreprise a pourtant levé 1,75 milliard de dollars, séduisant notamment Disney, NBCUniversal et Sony Pictures. Ces grands noms d’Hollywood ont été convaincus par le duo de dirigeants: Jeffrey Katzenberg, ancien patron de Walt Disney Studios et fondateur du studio DreamWorks, et Meg Whitman, ex-directrice générale d’eBay et d’Hewlett Packard. Leur promesse: une offre de “snacking” vidéo (vendue 5 ou 8 dollars par mois, avec ou sans publicité) pour répondre aux nouveaux modes de consommation.

Grands noms – Cela se traduit par des vidéos d’une durée maximale de dix minutes, pouvant être regardées aussi bien à l’horizontale qu’à la verticale dans les transports en commun ou au bureau à l’heure de la pause café. Pour bâtir son offre, Quibi s’est attaché les services de plusieurs vedettes: Steven Spielberg, Jennifer Lopez, Reese Witherspoon, ou encore Lebron James. L’an passé, la start-up aurait ainsi dépensé 350 millions de dollars pour produire la cinquantaine de films, séries, émissions de télé-réalité et documentaires qui composent son catalogue. Si celui-ci est plutôt étoffé, il ne comporte pas encore de véritable succès pouvant justifier à lui-seul un abonnement ou pouvant attirer de nouveaux abonnés.

Victime du coronavirus ? – Pour Jeffrey Katzenberg, la plate-forme a été victime de l’épidémie du coronavirus. Au lieu de disposer, seul, de quelques minutes dans les transports ou au bureau, le public visé s’est retrouvé en famille chez lui devant sa télévision ou son ordinateur. Pour autant, l’excuse semble facile. Et évite de poser la véritable question: existe-t-il un marché pour une autre plate-forme payante de streaming vidéo ? Face à Netflix, Disney, Amazon, Apple, HBO, mais aussi YouTube, TikTok ou Snapchat, il est en effet difficile pour un nouvel acteur de s’imposer, à moins de proposer des contenus disposant déjà d’une base de fans ou destinés à une niche.


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