Par , publié le 8 avril 2021

Après Apple, Max Schrems part à l’assaut de Google. Mercredi, l’activiste autrichien et son organisation Noyb (“None of your business”) ont déposé plainte devant la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL). Ils reprochent au moteur de recherche d’attribuer un identifiant unique à chaque terminal Android. Et de l’utiliser, sans le consentement des utilisateurs, pour traquer leurs comportements et pour améliorer le ciblage publicitaire. Des pratiques contraires à la directive européenne e-Privacy, affirme l’association de protection des droits numériques.

Rouage essentiel – En novembre 2020, Noyb avait déjà attaqué Apple devant les régulateurs allemand et espagnol. Dans les deux cas, ces procédures visent un des rouages essentiels de la publicité mobile: l’AAID sur Android et l’IDFA sur le système iOS d’Apple. Ces identifiants, qui fonctionnent de la même manière, ne sont pas simplement utilisés pour mieux cibler les utilisateurs. Ils permettent également de mesurer l’efficacité des publicités, par exemple en indiquant si une personne a téléchargé un jeu après avoir cliqué sur une annonce. Ils sont donc au cœur de la monétisation de millions d’applications gratuites.

Le RGPD pas invoqué – Max Schrems a déjà obtenu plusieurs succès majeurs en Europe, comme l’invalidation du Safe Harbor puis du Privacy Shield, deux accords qui autorisaient le transfert de données personnelles vers les Etats-Unis. Pour s’attaquer à Google et Apple, l’activiste a choisi de ne pas saisir le régulateur irlandais, autorité de référence pour les deux entreprises qui ont basé leur siège européen en Irlande. Ce dernier est en effet jugé trop laxiste, en particulier par le gouvernement allemand. Par ailleurs, Noyb n’a pas invoqué le Règlement général sur la protection des données (RGPD). Une stratégie qui doit permettre d’éviter de longues procédures entre tous les régulateurs des pays de l’Union européenne.

Nouvelles règles – Ces plaintes interviennent en plein débat sur l’avenir de ces identifiants uniques. Au cours des prochaines semaines, Apple va modifier ses règles: chaque application voulant utiliser l’IDFA devra désormais demander l’autorisation. Et il est très probable que la grande majorité des utilisateurs refusent d’être pistés. À la place, le groupe à la pomme proposera une alternative qu’il promet plus respectueuse. Mais sans demander, cette fois-ci, l’accord des possesseurs d’iPhone et d’iPad. Google ne prévoit pas de suivre la voie de son rival. Le moteur de recherche prend cependant conscience des enjeux autour de la vie privée. Sur son navigateur Chrome, il va ainsi mettre fin aux controversés cookies.

Pour aller plus loin:
– Pourquoi Facebook et Apple s’affrontent sur les données personnelles
– L’Europe s’interroge sur l’efficacité des amendes infligées à Google


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