Un centre de recherche mais pas de méga-usine. Sans grande surprise, la France a été devancée par l’Allemagne, officiellement choisie mardi par Intel pour accueillir son prochain site de production européen. Le géant américain des semi-conducteurs s’installera ainsi à Magdebourg, dans l’est du pays. À partir de 2027, il y fabriquera des puces dernier cri, créant environ 3.000 emplois. L’investissement est colossal, notamment en raison du prix des machines de pointe: 17 milliards d’euros. Et il pourrait ne représenter qu’une première étape car Intel prévoit déjà d’y ouvrir d’autres lignes de production.
1.000 emplois en France – Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un vaste plan d’investissements annoncé il y a un an par Pat Gelsinger, le nouveau patron d’Intel. En Europe, la société californienne prévoit ainsi de dépenser 80 milliards d’euros au cours des dix prochaines années. Elle va investir 12 milliards pour moderniser et agrandir sa seule usine européenne, située à Leixlip, en Irlande. Elle discute également avec le gouvernement italien pour construire un site d’assemblage dans le pays. En France, Intel va embaucher un millier d’ingénieurs pour son nouveau centre de recherche à Saclay. Des investissements supplémentaires vont être réalisés en Espagne et en Pologne.
Aides publiques – Dès le départ, l’Allemagne faisait office de favorite pour accueillir la méga-usine d’Intel. Le pays présente de sérieux atouts: une expertise dans la production de semi-conducteurs, un réseau de sous-traitants déjà bien établi et la proximité d’importants clients, à commencer par les constructeurs automobiles allemands. D’ailleurs, le géant taïwanais TSMC réfléchit aussi à implanter sa première usine européenne outre-Rhin. Cela n’avait pas empêché Pat Gelsinger de faire le tour des capitales européennes pour faire monter les enchères. Et ainsi décrocher d’importantes subventions publiques. Le patron d’Intel espère récupérer dix milliards d’aides sur dix ans.
Plan européen – Le groupe devrait facilement toucher cette somme. Comme ses rivaux, il se trouve en effet en position de force, alors que l’Europe et les États-Unis souhaitent doper leur production de puces, pour le moment essentiellement fabriquées en Asie. En février, la Commission européenne a ainsi dévoilé un important plan d’investissements, incluant une enveloppe de 30 milliards d’euros de subventions. Face à la concurrence américaine, Bruxelles se dit aussi prête à déroger à certaines règles sur les financements publics. En échange, tous les fabricants aidés devront accepter de réserver, en cas de pénurie, une partie de leurs puces à leurs clients européens.
Pour aller plus loin:
– Comment Intel veut redevenir le roi des puces
– L’Europe veut investir 43 milliards d’euros dans les puces