Par , publié le 4 avril 2022

Amazon espérait bien avoir remporté une victoire décisive l’an passé, lorsque des salariés d’un entrepôt situé dans l’Alabama avaient massivement voté contre la création d’un syndicat. Mais ce succès n’aura fait que repousser l’échéance. En fin de semaine dernière, des employés d’un site new-yorkais se sont prononcés pour la formation d’un syndicat. Une première aux États-Unis pour le géant du commerce en ligne, qui a lutté férocement pour empêcher toute organisation dans ses entrepôts. Et qui redoute désormais de devoir négocier sur les salaires et les conditions de travail.

Réunions antisyndicales – Derrière ce premier succès syndical se cache un ancien employé, Christian Smalls, licencié en 2020 après avoir organisé une manifestation pour protester contre les règles liées à la crise sanitaire. Suite à son renvoi, il a lancé un syndicat, l’Amazon Labor Union (ALU). Ces dernières semaines, il n’avait cessé de dénoncer les méthodes d’Amazon pour tenter d’influencer le vote. À New York, comme l’an passé dans l’Alabama, le groupe a organisé plusieurs réunions antisyndicales obligatoires, placardé des affiches et multiplié les envois de SMS. Il prévenait des dangers des syndicats, vantant au contraire les mérites d’une “relation directe avec l’entreprise”.

Contagion ? – La défaite d’Amazon s’inscrit dans un contexte plus favorable pour les syndicats, qui gagnent très lentement du terrain aux Etats-Unis. Plusieurs personnalités politiques, dont le président Joe Biden, soutiennent ces initiatives. Le géant du commerce en ligne, qui a franchi la barre du million d’employés outre-Atlantique, craint désormais une contagion du mouvement. Déjà, l’ALU a obtenu l’organisation d’un vote dans un autre entrepôt new-yorkais. Deux autres sites pourraient suivre. Ailleurs dans le pays, des employés pourraient être encouragés à former ou à rejoindre un syndicat. Dans l’Alabama d’ailleurs, où le premier scrutin avait été invalidé, le deuxième vote est beaucoup plus serré.

Conditions de travail – Pour l’ALU, la suite s’annonce tout aussi difficile. Le syndicat souhaite négocier une convention collective avec Amazon. Il espère faire passer le salaire horaire moyen de 18 à 30 dollars, réintroduire des bonus, obtenir davantage de pauses et réduire les heures supplémentaires obligatoires. Il souhaite également pouvoir représenter les employés menacés de licenciement. De manière plus générale, des employés veulent remettre en cause les conditions de travail et les objectifs de productivité revus à la hausse. Et accusent la société de mettre leur santé en danger. Le Congrès américain vient d’ailleurs d’ouvrir une enquête, après la mort de six salariés l’an passé lors de tornades.

Pour aller plus loin:
– La justice américaine rejette des poursuites antitrust contre Amazon
– Amazon finalise le rachat des studios MGM


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