Par , publié le 6 septembre 2022

Voilà qui peut expliquer les difficultés récentes de Klarna à conclure sa nouvelle levée de fonds. Et le plongeon spectaculaire de sa valorisation. Sur les six premiers mois de l’année, le géant suédois du “acheter maintenant, payer plus tard” a accusé une perte nette abyssale, rarement vue pour une start-up en Europe. Celle-ci s’est élevée à 6,2 milliards de couronnes (580 millions d’euros). C’est 4,5 fois plus qu’au premier semestre 2021. Dans le même temps, la croissance de son volume d’affaires est tombée à 21%. Klarna, qui a licencié 10% de ses effectifs en mai, est victime du ralentissement inattendu du commerce en ligne, à mesure que les consommateurs retournent dans les magasins et que l’inflation progresse.

Pertes sur crédit – Pour expliquer ces pertes, Sebastian Siemiatkowski, le fondateur et patron de l’entreprise, met en avant la stratégie agressive de croissance à l’international, qui s’accompagne d’une forte hausse des dépenses – elles ont presque doublé au premier semestre. En particulier aux Etats-Unis, un marché potentiellement gigantesque sur lequel les spécialistes du paiement fractionné espèrent remplacer les cartes de crédit. “Nos pertes sont extrêmement faibles en Europe”, assure ainsi le responsable, interrogé par Bloomberg. Mais Klarna est aussi touché par une forte hausse des pertes sur crédit, subies lorsqu’un acheteur n’effectue pas tous les versements prévus. Celles-ci ont progressé de 50% sur les six premiers mois de l’année.

Valorisation en chute libre – Fondée en 2005, Klarna est entrée dans une autre dimension après la crise sanitaire. Surfant sur l’insatiable appétit des investisseurs pour le paiement fractionné, qui permet de payer un achat en plusieurs fois sans frais, la société a levé plus de trois milliards de dollars au cours des deux dernières années. En juin 2021, sa valorisation avait même atteint 46 milliards de dollars, un record pour une société européenne non cotée. Depuis, Klarna a été rattrapée par l’effondrement des valeurs technologiques en Bourse. Contrainte de lever de l’argent pour continuer à financer son développement, la start-up a dû revoir ses ambitions à la baisse à plusieurs reprises. Avant de trouver un accord sur la base d’une valorisation de seulement 7 milliards de dollars.

Concurrence – Ce repli spectaculaire ne s’explique pas seulement par le changement de cap des investisseurs, plus regardants sur les multiples de valorisation, en particulier pour les sociétés qui sont encore loin de la rentabilité. Il provient aussi de plusieurs doutes sur le potentiel de croissance de Klarna. D’abord, parce que la concurrence s’est nettement accentuée avec l’offensive de PayPal et Square, et l’ajout du paiement fractionné sur Apple Pay. Ensuite, parce que les autorités surveillent de près le secteur, accusé de favoriser le surendettement. Des régulations plus strictes ne sont ainsi pas à écarter. “Klarna, c’est bien plus que le paiement fractionné”, rétorque Sebastian Siemiatkowski, citant notamment son application de shopping, qui attirerait 150 millions d’utilisateurs.

Pour aller plus loin:
– Klarna licencie 10% de ses effectifs
– Apple se lance dans le paiement fractionné


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