Par , publié le 1 avril 2023

Il n’y aura bientôt plus de trottinettes électriques en libre-service dans les rues de Paris. Dimanche, au cours d’un vote citoyen organisé par la mairie, les habitants de la capitale se sont largement prononcés pour l’interdiction des plateformes de location. Un coup dur pour Lime, Tier et Dott, les trois opérateurs qui avaient pourtant proposé un arsenal d’améliorations fin 2021. Et qui avaient multiplié les campagnes de communication ces dernières semaines pour mobiliser leurs utilisateurs, jusqu’à recruter des influenceurs sur TikTok. En vain: début septembre, ils devront retirer les 15.000 engins déployés à Paris. Au-delà de l’impact sur leurs activités, ce vote représente aussi un mauvais signal pour l’ensemble du secteur, alors que le débat entre régulation renforcée et interdiction fait rage.

“Anarchie” – Lancée en Californie en 2017, la mode des trottinettes électriques en free floating (sans bornes) a très vite conquis Paris. Plus de dix start-up se lancent rapidement dans la capitale, déployant des milliers d’engins dans les rues – et sur les trottoirs – sans autorisation ni contrôle. Une véritable “anarchie”, selon la maire Anne Hidalgo, qui a débouché sur le lancement d’un appel d’offres. En juillet 2020, seulement trois opérateurs sont retenus: l’américain Lime, l’allemand Tier et le franco-néerlandais Dott. Un cahier des charges très strict leur est alors imposé, les obligeant par exemple à salarier les équipes chargées de la recharge. Depuis, le trafic a fortement augmenté (près de 2,5 millions de trajets en juillet 2022), malgré un parc de trottinettes toujours limité à 15.000.

Encore des problèmes – À Paris, comme ailleurs, la situation s’est nettement améliorée. Sous la pression des élus et de l’opinion, les plateformes ont introduit de nouvelles limitations. Elles ont notamment bridé la vitesse dans certaines zones et limité le stationnement à des emplacements désignés. Pas suffisant cependant pour régler tous les problèmes, comme les stationnements gênants et les infractions au code de la route – en particulier, les trajets à deux . En novembre, les opérateurs avaient proposé d’interdire la location aux mineurs, d’immatriculer leur flotte pour faciliter les contraventions et de tester une technologie pour bloquer la circulation sur les trottoirs. Ils assuraient aussi qu’une interdiction représenterait un retour en arrière, vers un monde avec davantage de voitures dans les rues.

Effet boule de neige – Ce discours n’a convaincu ni la mairie, ni les nombreux opposants. Les trois opérateurs, mais aussi leurs rivaux Bird, Bolt ou encore Voi, redoutent désormais un effet boule de neige, en France et à l’étranger. L’interdiction dans la capitale pourrait en effet inciter d’autres métropoles à faire de même – le recours aux appels d’offres s’est généralisé depuis celui mené à Paris. L’effet serait d’autant plus dévastateur que le secteur n’est pas au mieux, entre un modèle économique encore fragile et la méfiance des investisseurs. Pour éviter ce scénario, tous les grands acteurs ont signé, la semaine dernière, une charte d’engagements, qui prévoit notamment une vérification renforcée de l’âge minimal, désormais fixé à 14 ans. Les amendes seront par ailleurs revues à la hausse.

Pour aller plus loin:
– Bird, le pionnier des trottinettes électriques, menacé de faillite
– En quête d’économies, Tier abandonne ses scooters électriques


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