Par , publié le 23 octobre 2023

Après Ericsson en début d’année, c’est au tour de Nokia de mener un important plan social. D’ici à 2026, le géant finlandais des équipements de réseau va supprimer jusqu’à 14.000 postes, soit 16% de ses effectifs. Il espère ainsi réaliser jusqu’à 1,2 milliard d’euros d’économies, dont 400 millions dès l’an prochain. “Face à un environnement de marché plus difficile, nous devons réduire notre base de coûts pour protéger notre rentabilité”, justifie son patron Pekka Lundmark. Au troisième trimestre, le groupe a accusé une chute de 69% de ses profits, pour des recettes en baisse de 20%. Comme son rival suédois, qui prévoit de licencier 8.500 salariés, Nokia est rattrapé par la baisse des investissements dans la 5G, qui ne tient pas toutes ses promesses. À la fois pour les équipementiers, les opérateurs et les clients.

Baisse du marché – Déployée depuis 2019, la 5G devait représenter une immense opportunité pour les équipementiers télécoms. Et encore davantage pour les deux groupes européens, en raison de l’exclusion de Huawei, le leader chinois du secteur, dans de nombreux pays. Après plusieurs années de lourdes dépenses, les opérateurs mobiles commencent cependant à ralentir le rythme. Les dirigeants de Nokia s’attendent ainsi à une baisse de 9% du marché des équipements de réseau cette année, contre un repli jusque-là attendu à seulement 2%. Ils mettent en avant une chute spectaculaire des investissements aux États-Unis, combinée à une hausse moins forte qu’espéré en Inde. La tendance devrait perdurer en 2024, avant une stabilisation espérée l’année suivante, prédit le cabinet Dell’Oro.

Faible intérêt – Ce ralentissement intervient alors que le déploiement du réseau reste faible. Dans son dernier rapport annuel, publié en juin, Ericsson souligne que seulement 10% de la population, hors Chine, habite dans une zone couverte par la “vraie” 5G. Et Nokia estime que seulement un quart des antennes nécessaires ont été installées, hors Chine. Une situation a priori paradoxale mais qui s’explique par le faible intérêt des consommateurs. “Les opérateurs hésitent à investir parce que la monétisation de la 5G a été plus lente que prévu”, reconnaît Pekka Lundmark. Aux États-Unis, 41% des abonnés mobiles disposent d’un forfait compatible. En Europe, seulement 13%. En outre, les opérateurs ont bien du mal à imposer des tarifs plus élevés, comme ils l’espéraient pour justifier leur niveau d’investissement.

Valeur difficilement perceptible – Le principal problème de la 5G vient de sa proposition de valeur. Si les opérateurs ont beaucoup insisté sur le gain de vitesse, celui-ci est difficilement perceptible pour l’immense majorité des usages du grand public. Il s’agit de la principale différence avec la transition vers la 4G, qui avait été bien plus rapide, en particulier en Europe. Pour doper l’adoption de la dernière génération de l’Internet mobile, le secteur mise beaucoup sur l’essor de nouvelles technologies. C’est notamment le cas de la réalité augmentée, dont le potentiel, mis en avant depuis des années, tarde toujours à se concrétiser. Nokia promet aussi de transformer l’industrie avec des réseaux 5G privés, devant offrir plus de sécurité et de fiabilité. Mais, là aussi, le déploiement semble bien plus lent qu’espéré.

Pour aller plus loin:
– Apple prend du retard sur le développement de ses puces 5G
– Bruxelles enterre son projet de la taxe sur les géants d’Internet


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