Par , publié le 8 novembre 2023

L’issue était inéluctable pour WeWork. Lundi, l’ancienne start-up vedette s’est placée sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, faute d’avoir pu honorer le paiement d’intérêts liés à des emprunts obligataires. Cette procédure, qui ne concerne que les activités américaines, lui permet de se placer à l’abri de ses créanciers, le temps de restructurer sa dette et de renégocier ses loyers. Elle représente une nouvelle étape dans la spectaculaire dégringolade du spécialiste de la location de bureaux partagés, un temps valorisé à 47 milliards de dollars. Mais qui doit aujourd’hui lutter pour sa survie alors que sa trésorerie est tombée à un niveau alarmant, ne lui laissant que quelques mois pour améliorer drastiquement sa situation financière, sous peine de mettre la clé sous la porte.

23 milliards dilapidés – L’ascension puis la chute de WeWork ont été marquées par deux hommes. D’abord, Adam Neumann, son fondateur déchu, poussé vers la sortie après une introduction en Bourse ratée à l’automne 2019. Ensuite, Masayoshi Son, le patron du conglomérat japonais Softbank, qui a investi plus de dix milliards de dollars. Et qui a dû jouer régulièrement les pompiers pour éviter un effondrement. Le second a surtout laissé le premier dépenser sans compter, accumulant des pertes abyssales. En treize ans, la société a ainsi dilapidé les 23 milliards qu’elle avait réussi à lever auprès d’investisseurs… tout en devant s’endetter fortement. Malgré une sévère cure d’austérité, marquée par des licenciements massifs et l’abandon des projets annexes, la situation financière de WeWork reste catastrophique.

Ambitions démesurées – Le groupe continue en effet de payer les excès du passé, symbolisés par une expansion internationale démesurée. À son apogée, il avait ouvert plus de 800 espaces de coworking dans le monde. Il en compte encore plus de 700 dans 129 villes. Il est ainsi toujours plombé par des baux immobiliers de longue durée signés pour occuper ces bureaux. Si WeWork a réussi à renégocier une partie de ces engagements, ceux-ci se chiffrent encore à 13 milliards de dollars. Chaque mois, le montant des loyers représente quasiment l’intégralité du chiffre d’affaires. Certes, la société n’a pas été aidée par les confinements. Mais elle n’a pas profité, comme elle le pensait, de la montée du télétravail. En 2021, elle promettait d’atteindre un taux d’occupation de 90%. Fin juin, celui-ci ne s’élevait qu’à 72%.

Fermeture de bureaux – À cette date, WeWork ne disposait plus que de 205 millions de dollars dans ses caisses. Et d’une ligne de crédit encore disponible de 475 millions. Dans l’urgence, ses dirigeants ont tenté de renégocier avec les créanciers, qui devaient toucher 95 millions de dollars d’intérêt début octobre. Incapables de trouver un accord, le chapitre 11 restait leur seule solution. Dans un communiqué, la société explique vouloir “rationaliser davantage son portefeuille de baux de bureaux commerciaux”. Elle va notamment pouvoir rompre des contrats et donc fermer les espaces les moins performants. Ailleurs, en revanche, les activités “se poursuivent comme à l’accoutumée”. WeWork espère sortir renforcé de cette procédure, avec une structure de coûts allégée devant lui permettre de devenir rentable.

Pour aller plus loin:
– WeWork tourne à prix d’or une page de son histoire
– Après des pertes abyssales, Softbank veut repasser à l’offensive


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