Par , publié le 20 novembre 2023

Tout au long de la journée de dimanche, tous les signaux pointaient vers un retour de Sam Altman à la tête d’OpenAI, moins de 48 heures après son éviction brutale et inattendue. Mais le conseil d’administration du concepteur de ChatGPT n’a pas cédé malgré la pression des investisseurs et la menace d’un exode massif d’employés. Dans la soirée, ses quatre membres ont ainsi nommé un nouveau directeur général par intérim, Emmett Shear, qui dirigeait jusqu’en mars Twitch, la plateforme de live-streaming d’Amazon. Il remplace Mira Murati, la très respectée directrice de la technologie, nommée à ce poste vendredi. Mais qui militait pour une reprise en main de la start-up par son ancien patron. S’ouvre désormais une période de grandes incertitudes, notamment sur les relations avec Microsoft.

Fronde des investisseurs – Le retour avorté de Sam Altman signe en effet la défaite de l’orientation commerciale d’OpenAI, entamée en 2019 et exacerbée depuis le lancement fracassant du chatbot ChatGPT il y a bientôt un an. À l’opposé, certains dirigeants, dont Ilya Sutskever, le directeur scientifique, militent pour une approche plus prudente, privilégiant la recherche fondamentale au lancement de nouveaux produits à un rythme effréné. Ils mettent en avant les dangers liés à un développement incontrôlé, dicté par une logique de profits. Ce n’est ainsi pas un hasard si l’éviction de Sam Altman a suscité une fronde immédiate des investisseurs de la start-up, inquiets qu’une nouvelle approche limite le potentiel commercial d’OpenAI. Et donc l’énorme plus-value qu’ils peuvent espérer réaliser.

Microsoft à la baguette – En coulisses, cette révolte était notamment soutenue par Microsoft. En début d’année, le concepteur de Windows a injecté dix milliards de dollars dans la start-up, mettant la main sur près de la moitié du capital. Selon Bloomberg, ses dirigeants étaient “furieux”, apportant immédiatement leur soutien à Sam Altman. Car le groupe de Redmond a bien plus à perdre que les sommes investies: toutes ses initiatives dans l’IA générative dépendent des modèles d’OpenAI. Dimanche, son directeur général Satya Nadella a ainsi joué un rôle de négociateur auprès du conseil. Il disposait d’une arme de poids: les milliards de dollars que sa société doit encore verser à la start-up, notamment sous la forme de crédits cloud qui lui permettent d’utiliser les superordinateurs d’Azure pour entraîner ses modèles d’IA.

Vers un exode des employés ? – Un autre élément semblait jouer en faveur d’un retour de Sam Altman: le soutien des employés. Vendredi, trois chercheurs en IA avaient démissionné. La société s’expose désormais à un exode massif d’employés. Pour rejoindre des concurrents à l’affût pour débaucher des experts tant convoités. Ou alors pour suivre leur ancien patron, déjà en discussion avec des fonds pour lancer une nouvelle société dédiée à l’intelligence artificielle. Malgré tout, le conseil d’administration est resté sur ses positions. Il est désormais probable qu’OpenAI change de cap. Au point de remettre en cause tous les efforts commerciaux entrepris depuis un an ou de ralentir le développement de modèles toujours plus puissants ? Et ainsi de faire une croix sur la majeure partie d’une valorisation qui devait atteindre 80 ou 90 milliards de dollars ?

Pour aller plus loin:
– OpenAI abandonne le développement de son dernier modèle de langage
– Le double discours d’OpenAI sur la régulation de l’IA


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