Par , publié le 12 décembre 2023

Mi-novembre, lorsqu’il tente de rassurer ses investisseurs qui s’inquiètent d’une trop grande dépendance à OpenAI, Satya Nadella, le patron de Microsoft, cite deux autres modèles d’intelligence artificielle générative: Llama 2, conçu par Meta, la maison mère de Facebook, et Mistral, développé par la start-up éponyme. À peine six mois après sa création, l’entreprise française a réussi à s’imposer comme une alternative crédible aux leaders américains du marché en faisant le choix de l’open source. Lundi, son nouveau statut s’est concrétisé par une levée de fonds d’envergure, de 385 millions d’euros, auprès notamment du prestigieux fonds américain Andreessen Horowitz et du fabricant de cartes graphiques Nvidia. Et par une valorisation de deux milliards de dollars. Du jamais vu pour une start-up aussi jeune en France.

Anciens de Google et Meta – En juin, Mistral AI avait déjà récolté 105 millions d’euros. Des sommes indispensables pour créer, comme le souhaite son patron Arthur Mensch, un “champion européen avec des ambitions mondiales”. Concevoir des modèles d’IA générative nécessite en effet une immense puissance de calcul informatique, qui se traduit par des factures gigantesques. Sans compter les salaires élevés des meilleurs experts dans le domaine. Portés par l’euphorie des investisseurs pour cette technologie, les acteurs du secteur multiplient donc les levées de fonds. Mistral AI dispose de deux arguments. D’une part, le CV de ses trois créateurs, anciens de DeepMind et de FAIR, les réputés laboratoires de Google et Meta en IA. D’autre part, le pari de l’open source, un choix à contre-courant de ses rivales.

Nouveau modèle – Ce choix est considéré par les dirigeants de Mistral AI comme le seul moyen de pouvoir “créer une alternative crédible à l’oligopole émergent de l’IA”, composé d’OpenAI, soutenu financièrement par Microsoft, de Google, de Meta, ou encore d’Anthropic, alliée avec Amazon, qui disposent de ressources bien plus considérables. En octobre, la start-up a lancé son premier grand modèle de langage. Un modèle de petite taille disponible gratuitement et sans restriction pour tous les développeurs. Lundi, elle a annoncé un deuxième modèle, qu’elle présente comme plus performant que la version la plus puissante de Llama 2, elle aussi (en partie) open source, tout en étant six fois plus rapide pour générer des réponses – ce qui se traduit par des économies dans les coûts de fonctionnement.

Offre commerciale – Mistral AI voit encore plus loin. La société indique avoir conçu un prototype encore plus performant, faisant beaucoup mieux que GPT-3.5, le modèle d’OpenAI qui alimente la version gratuite de son robot conversationnel ChatGPT. Cette annonce donne corps à sa promesse de “réduire l’écart de performance” avec les IA génératives fermées d’OpenAI ou Google. À terme, Mistral AI ambitionne d’offrir une gamme de produits spécialisés et adaptés à différentes utilisations, devant optimiser les coûts de fonctionnement – les petits modèles demandent moins de puissance pour générer du texte. La start-up veut aussi bâtir son offre commerciale. Mercredi, elle a lancé, en test, ses premières API payantes permettant aux développeurs d’utiliser ses modèles pour créer des services d’IA.

Pour aller plus loin:
– Pour contrer ChatGPT, Amazon parie sur une intelligence artificielle française
– Entre catastrophisme et espoir, la French Tech navigue à vue


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