Par , publié le 12 décembre 2023

Ces dernières semaines, Microsoft n’a cessé de minimiser son rôle dans le retour de Sam Altman à la tête d’OpenAI, quelques jours seulement après sa spectaculaire éviction par le conseil d’administration. Et pour cause: le géant de Redmond se sait observé par les autorités de la concurrence, qui s’interrogent sur ses relations très étroites, aussi bien capitalistiques que commerciales, avec le concepteur du robot conversationnel ChatGPT. Vendredi, cette menace a commencé à se matérialiser avec l’ouverture d’une consultation publique par la Competition and Markets Authority (CMA) britannique, une première étape avant une potentielle enquête formelle. Aux États-Unis, la Federal Trade Commission examinerait aussi le dossier, selon l’agence Bloomberg. Et en Europe, la Commission explique le suivre de “très près”.

Plus de dix milliards investis – Les liens entre les deux entreprises remontent à 2019. À cette époque, OpenAI vient tout juste d’abandonner son but non lucratif, créant une société à profits plafonnés. Et cherchant des fonds pour financer l’entraînement de ses modèles d’intelligence artificielle générative. Microsoft lui apporte alors un milliard de dollars, dont une partie en crédits cloud, lui permettant d’utiliser son infrastructure informatique. Début 2023, le groupe a promis d’injecter dix milliards supplémentaires, ce qui lui permet aujourd’hui de contrôler près de la moitié du capital de la structure commerciale. En échange, il va capter la moitié des profits, jusqu’à ce qu’il récupère sa mise de départ. Surtout, Microsoft a obtenu le droit d’être le seul fournisseur de cloud à pouvoir proposer les modèles d’OpenAI à ses clients.

“Évolutions récentes” – Face à ces relations “étroites et multifacettes”, la CMA cherche à déterminer si Microsoft exerce un contrôle sur OpenAI, sans l’avoir officiellement racheté. Dans ce cas de figure, ce partenariat pourrait être considéré comme une acquisition déguisée. Et ainsi être soumis aux règles qui s’appliquent lors d’un rachat. Le gendarme britannique devra alors étudier l’impact sur la concurrence “dans le développement ou l’utilisation des modèles fondamentaux”. Il pourra ensuite exiger des mesures correctives. Si les liens entre les deux sociétés ne sont pas nouveaux, le retour de Sam Altman a changé la donne aux yeux des autorités antitrust. La CMA justifie ainsi sa procédure de consultation par les “évolutions récentes dans la gouvernance d’OpenAI, dont certaines impliquent Microsoft”.

Simple observateur ? – Juste après l’éviction du patron de la start-up, Satya Nadella, le directeur général de Microsoft, a œuvré en coulisses pour lui permettre de récupérer son poste quelques jours plus tard. Il disposait d’une arme de poids: les milliards de dollars que sa société doit encore verser à la start-up, qui en a besoin pour poursuivre ses investissements. Depuis, le groupe a obtenu un siège d’observateur, sans droit de vote, au sein du futur conseil d’administration. Non seulement ce siège lui permettra de savoir ce qu’il se passe à la tête d’OpenAI, alors qu’il avait été averti à la dernière minute du renvoi de Sam Altman. Mais il pourrait aussi lui permettre d’influencer, voire d’imposer, des décisions. “C’est très différent d’une acquisition”, assure cependant Brad Smith, le président de Microsoft.

Pour aller plus loin:
– OpenAI abandonne le développement de son dernier modèle de langage
– Les coûts de l’IA menacent de freiner son adoption


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