Par , publié le 19 mars 2024

Souvent ennemis depuis la “trahison” d’Eric Schmidt*, Apple et Google savent aussi être des partenaires commerciaux quand nécessaire. Selon l’agence Bloomberg, les deux géants américains, qui ont déjà noué un partenariat dans la recherche en ligne, ont ainsi entamé des “négociations actives” autour de l’intelligence artificielle générative. Celles-ci portent sur l’intégration des modèles Gemini, conçus par le moteur de recherche, dans les prochains iPhone, qui doivent être les premiers à ajouter des fonctionnalités d’IA au sein du système d’exploitation iOS. Un tel accord représenterait un cruel désaveu pour le groupe à la pomme, prouvant qu’il peine à rattraper son retard au démarrage dans le domaine, malgré les discours optimistes de ses dirigeants. Apple discuterait également avec OpenAI, le concepteur de ChatGPT.

Samsung en avance – Début février, son patron Tim Cook assurait “investir énormément de temps et d’efforts” dans l’IA générative. Et pour cause: la technologie est considérée comme la prochaine avancée majeure sur le marché des smartphones, capable de relancer des ventes en baisse depuis trois ans. Le mois dernier, au Mobile World Congress de Barcelone, les fabricants ont ainsi rivalisé en annonces: assistant personnel, retouche photos, rédaction de messages, résumé d’une page Web… Parmi eux, Samsung, le grand rival d’Apple, a mis l’intelligence artificielle au cœur de la campagne de communication autour de ses derniers Galaxy S. Mais le groupe américain ne devrait, lui, pas communiquer avant sa conférence WWDC en juin, pour un lancement en septembre, date de déploiement de la prochaine version d’iOS.

Modèles moins performants – N’ayant pas anticipé le spectaculaire essor de l’IA générative, Apple avait pour objectif d’être prêt pour la sortie des nouveaux iPhone. En interne, un chatbot reposant sur un grand modèle de langage baptisé Ajax est ainsi testé depuis plusieurs mois. Mais ses capacités sont inférieures aux services les plus performants du marché, conçus par OpenAI ou Google. Pour ne pas être distancé par Samsung, qui s’appuie sur les modèles de Google, le groupe de Cupertino n’a ainsi pas d’autres possibilités que de nouer un partenariat. Selon Bloomberg, ses technologies internes ne seraient utilisées que pour des tâches basiques, uniquement en local. Les fonctionnalités plus complexes, comme la retouche photo ou le résumé de documents, seront réalisées dans le cloud en passant par des modèles externes.

Facture élevée – Un accord avec Google, OpenAI ou un autre spécialiste du secteur ne signifierait pas pour autant qu’Apple va abandonner ses efforts dans l’IA. Il est en effet très probable que cette période ne soit que transitoire, peut-être même limitée à un an, le temps de développer des modèles compétitifs. L’enjeu financier est potentiellement important: la société va devoir verser d’importantes royalties à son partenaire. Avec plus de deux milliards d’utilisateurs de terminaux iOS, la facture pourrait rapidement monter. S’y ajouteront les coûts d’inférence de l’IA, liés à l’utilisation d’une plateforme de cloud – potentiellement Google Cloud. Comme ses rivaux, Apple espère, à terme, pouvoir faire tourner ses propres modèles en local, c’est-à-dire directement sur les processeurs de ses iPhone.

* L’ancien patron de Google a siégé au sein du Conseil d’administration d’Apple entre 2006 et 2009, démissionnant juste avant le lancement du système Android. Steve Jobs, le fondateur du groupe à la pomme, avait alors promis de mener une “guerre thermonucléaire” contre le moteur de recherche.

Pour aller plus loin:
– Les fabricants de smartphones misent sur l’IA générative
– Apple détrône Samsung sur le marché des smartphones


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