Par , publié le 21 mars 2024

Pavel Durov a longtemps repoussé l’idée d’une introduction en Bourse. Mais le fondateur et patron de Telegram n’écarte plus une telle opération, qui permettrait, selon lui, de “démocratiser l’accès à la valeur” de l’application de messagerie sécurisée, explique-t-il dans un rare entretien accordé au Financial Times. En réalité, l’entrepreneur russe, désormais installé à Dubaï, n’a pas vraiment le choix. Depuis trois ans, sa société s’est en effet lourdement endettée, par le biais d’obligations convertibles, pour un total de 2,3 milliards de dollars – dont une dernière tranche de 330 millions, officialisée lundi. Un montant colossal alors qu’elle n’est toujours pas rentable. Mais qu’elle n’aura pas à rembourser si elle entre en Bourse avant mars 2026 – ces obligations seront alors automatiquement converties en actions.

Cryptomonnaie abandonnée – Telegram a longtemps été financé par la fortune personnelle de Pavel Durov, tirée de la vente du réseau social russe VKontakte. Contrairement aux autres, la start-up n’a jamais souhaité mener de levée de fonds auprès d’investisseurs. En 2018, cinq ans après son lancement, elle pensait avoir trouvé une solution pour obtenir les liquidités nécessaires à son expansion, sans céder une partie de son capital, toujours entièrement détenue par son fondateur: lancer sa propre cryptomonnaie. Elle avait vendu en avance pour 1,7 milliard de dollars. Mais le projet n’avait jamais vu le jour, bloqué par la Securities & Exchange Commission, le gendarme boursier américain. C’est à ce moment-là que Telegram, contraint de rembourser cette somme en partie dépensée, a commencé à s’endetter.

Bientôt rentable – Depuis, la messagerie a accéléré son développement. Elle compte désormais 900 millions d’utilisateurs actifs mensuels, contre 500 millions il y a trois ans. Sa popularité grandissante s’explique en partie par le rejet de WhatsApp, le leader du marché avec plus de 2 milliards d’adeptes, régulièrement rattrapé par des polémiques sur l’utilisation des données personnelles. Du pain bénit pour Telegram. La société a aussi lancé son processus de monétisation, d’abord avec des publicités, non ciblées, affichées sur les chaînes publiques, puis avec le lancement d’un abonnement payant (5,50 euros par mois en France). Selon son patron, elle génère déjà des “centaines de millions de dollars” de chiffre d’affaires. Et elle devrait atteindre la rentabilité “l’an prochain, peut-être même dès cette année”

Pour aller plus loin:
– L’Allemagne menace d’interdire Telegram
– Face aux inquiétudes sur la vie privée, WhatsApp peine à rassurer ses utilisateurs


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