Par , publié le 14 janvier 2021

8,8 millions d’installations en une semaine. Jamais Signal n’avait connu un tel succès. Lors de la première semaine de l’année, son application n’avait d’ailleurs été téléchargée que 246.000 fois dans le monde, selon les estimations du cabinet Sensor Tower. Mise en lumière par un tweet d’Elon Musk et adoubée par Edward Snowden, la plate-forme de messagerie capitalise notamment sur les déboires de WhatsApp, rattrapé par une polémique sur le partage des données avec Facebook, sa maison mère. L’application Telegram en a aussi profité: ses téléchargements ont doublé, atteignant près de 12 millions.

Changements mal compris – L’exode des utilisateurs de WhatsApp a été provoqué par l’annonce, lundi, de changements dans les conditions d’utilisation. Mal expliquées et donc mal comprises, ces modifications ont été déformées sur les réseaux sociaux et dans la presse. Un message trompeur s’est alors rapidement diffusé: à partir de février, la plate-forme va partager toutes les données personnelles de ses utilisateurs avec Facebook. Face aux nombreuses rumeurs, elle tente depuis de rassurer. Mais elle n’est pas aidée par ses nombreuses erreurs passées et par sa mauvaise réputation en matière de respect de la vie privée.

Cofondateur de WhatsApp – Ironie de l’histoire, Signal est financée, par l’intermédiaire d’une fondation, par Brian Acton, l’un de deux cofondateurs de WhatsApp, racheté par Facebook en 2014 pour 19 milliards de dollars. Trois ans plus tard, le responsable avait cependant quitté ses fonctions. Il avait été suivi l’année suivant par Jan Koum, l’autre fondateur. En cause notamment: des divergences sur l’utilisation des données personnelles. Ces deux départs avaient fait sauter les derniers garde-fous. Depuis le service a été repris en main par Facebook. Il est aujourd’hui dirigé par Will Cathcart, un proche lieutenant de Mark Zuckerberg.

Effet de réseau – Si les performances actuelles de Signal et de Telegram sont impressionnantes, elles doivent cependant être relativisées. D’abord, parce que ces chiffres restent sans commune mesure avec le nombre d’utilisateurs de WhatsApp, qui a franchi l’an passé la barre des deux milliards. Ensuite, parce qu’il s’agit de téléchargements. Cela ne signifie pas que tous les nouveaux inscrits utilisent toujours Signal ou Telegram. Ou qu’ils continueront de le faire au cours des prochains mois. Enfin, ces données ne reflètent pas le nombre de personnes qui ont définitivement quitté WhatsApp. D’autant que le service est protégé par un effet de réseau: il peut être indispensable pour continuer à discuter avec l’ensemble de ses contacts.

Pour aller plus loin:
– Facebook veut accélérer la monétisation de WhatsApp
– Les Etats-Unis recommandent de démanteler Facebook


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