Par , publié le 24 avril 2024

Quand on est adoubé par Jeff Bezos et Jensen Huang, les fondateurs respectifs d’Amazon et de Nvidia, on peut avoir de l’ambition. Aravind Srinivas n’en manque pas. Le patron de Perplexity AI affiche sans détour sa volonté de rendre Google “ringard”. Mardi, la start-up américaine a officialisé sa deuxième levée de fonds de l’année, d’un montant de 63 millions de dollars. En janvier, elle avait déjà recueilli 74 millions. Entre ces deux opérations, sa valorisation a doublé, pour atteindre la barre symbolique du milliard. Et l’entrepreneur compte profiter de l’engouement que suscite ces derniers mois sa solution de recherche en ligne dopée à l’intelligence artificielle générative. Selon Techcrunch, il négocie déjà un prochain tour de table d’au moins 250 millions, sur la base d’une valorisation potentielle de 3 milliards.

Réponse structurée – Fondé en 2022, Perplexity a conçu un robot conversationnel, aux premiers abords très similaire à ChatGPT. Mais son outil se distingue par son fonctionnement: il ne se base pas sur un corpus de textes qui a servi à son entraînement, mais il va chercher la réponse en surfant sur des dizaines de pages Web. Cette technique doit, en théorie, permettre de réduire le nombre d’hallucinations des grands modèles de langage. Le service affiche ensuite un texte structuré, citant plusieurs sources, plutôt qu’une longue liste de liens ou de petits extraits de site Internet, comme le propose Google. Puis, il suggère d’autres questions pour approfondir le sujet. “Le futur”, assure Aravind Srinivas. La start-up revendique désormais dix millions d’utilisateurs actifs par mois, dont Jensen Huang qui s’en sert “presque tous les jours”.

Google riposte – Au-delà de ces premiers succès, Perplexity va devoir lutter contre des habitudes bien ancrées. Malgré l’ajout de réponses fournies par ChatGPT dans son moteur de recherche Bing, Microsoft n’a quasiment pas gagné de terrain face à Google. Cela sera d’autant plus difficile que les moteurs traditionnels restent bien mieux adaptés pour une grande partie des requêtes, par exemple pour se rendre sur un site Internet, pour consulter la météo ou pour trouver un restaurant. Google dispose aussi d’un éventail de services annexes qui le rende encore plus utile pour les internautes. Surtout, le géant de Mountain View ne reste pas les bras croisés. Depuis l’an dernier, il teste plusieurs intégrations de l’IA générative au sein même de son moteur, notamment une réponse générée par son modèle Gemini au-dessus des liens.

Modèle économique – Aravind Srinivas estime cependant avoir un avantage: l’absence d’une activité historique à préserver, les liens sponsorisés, qui explique en partie pourquoi Google prend son temps avant de déployer l’IA à grande échelle. Mais Perplexity va devoir affiner son modèle économique, alors que les coûts de fonctionnement de l’IA sont très élevés. La start-up propose déjà un abonnement, commercialisé à 20 dollars par mois, qui permet de réaliser davantage de recherches avancées et de choisir différents modèles de langage. Elle revendique un revenu annuel récurrent de 20 millions de dollars, ce qui implique moins de 100.000 abonnés. Mardi, elle a annoncé le lancement d’une offre payante pour les entreprises, vendue à 40 dollars par mois. Et elle réfléchit aussi à ajouter des publicités à sa version gratuite.

Pour aller plus loin:
– L’IA générative pourrait pousser Google à changer de modèle économique
– Avec l’aide de Microsoft, OpenAI veut concurrencer Google


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