Par , publié le 11 juin 2024

L’histoire d’amour entre Satya Nadella et Sam Altman a longtemps résisté à toutes les secousses. Mais les relations entre Microsoft et OpenAI semblent désormais moins apaisées, alors que chacun souhaite s’émanciper de sa (dangereuse ?) dépendance à l’autre. L’officialisation, lundi, d’un partenariat entre le concepteur de ChatGPT et Apple – portant sur l’intégration de la dernière version du robot conversationnel dans l’assistant vocal Siri – marque un pas supplémentaire dans cette direction. Selon le site The Information, le directeur général de Microsoft avait d’ailleurs exprimé ses “inquiétudes” vis-à-vis de ce rapprochement, sans être entendu ni suivi par son homologue d’OpenAI, malgré les 13 milliards de dollars qu’il a investis dans la start-up et son statut de principal actionnaire.

Copilot impacté ? – Le groupe de Redmond redoute d’abord un pic d’activité sur sa plateforme de cloud Azure, sur laquelle tournent les différents modèles d’IA générative d’OpenAI. En débarquant sur l’iPhone, ChatGPT sera en effet à portée de main de centaines de millions d’utilisateurs. Cet afflux pourrait se traduire par une puissance de calcul insuffisante. Et donc par des problèmes de disponibilité qui impacteraient directement Copilot, le service d’IA de Microsoft qui s’appuie sur les modèles d’OpenAI. Autre motif d’inquiétude: une intégration encore plus poussée de ChatGPT à macOS, le système d’exploitation des ordinateurs d’Apple. Or, l’éditeur de Windows compte énormément sur l’IA pour regagner le terrain perdu ces dernières années. Il verrait donc d’un mauvais œil que son partenaire apporte de l’aide à son rival.

Nouvelles ressources – Pour OpenAI, l’accord avec Apple, dont les conditions financières restent secrètes, est un gros coup. Non seulement, la start-up conforte sa place de leader de l’IA générative. Mais elle va aussi disposer de ressources supplémentaires pour poursuivre sa bataille contre Google et les autres. Jusqu’à présent, elle a financé son développement grâce aux investissements de Microsoft, à la fois en cash et en crédits cloud – qui lui permettent d’entraîner et de faire tourner ses modèles gratuitement sur Azure. Sam Altman a déjà indiqué qu’il faudrait encore dépenser des sommes considérables pour poursuivre sa route vers une intelligence artificielle générale, capable d’apprendre toute seule. Il cherche donc à développer de nouvelles sources de recettes, pour ne plus dépendre seulement du bon vouloir de Microsoft.

Un rival chez Microsoft ?  – Cet impératif est d’autant plus grand que l’éditeur de Windows souhaite, lui aussi, ne plus confier ses ambitions dans l’IA à une autre entreprise. Surtout qu’il ne siège pas à son conseil d’administration. Et qu’il peut difficilement influer sur sa stratégie en raison de la vigilance des autorités de la concurrence. Les partenaires ont toujours été un peu rivaux, commercialisant tous les deux des API (interfaces de programmation) permettant de se brancher aux modèles d’OpenAI. Mais cette compétition pourrait rapidement s’intensifier. En mars, Microsoft a débauché la majorité des salariés d’Inflection AI, créant une nouvelle division dédiée à l’IA. Selon The Information, l’objectif serait notamment de concevoir un grand modèle de langage, qui entrerait en compétition frontale avec ceux d’OpenAI.

Pour aller plus loin:
– La face cachée d’OpenAI, rattrapé par de multiples polémiques
– Avec l’aide de Microsoft, OpenAI veut concurrencer Google


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