Par , publié le 10 septembre 2024

De la frontière américano-mexicaine aux champs de bataille, Anduril promet de “transformer les capacités militaires des États-Unis et de ses alliés”. Sept ans après son lancement, la start-up américaine est désormais prête à passer à l’échelle industrielle. Elle prévoit de construire une gigantesque usine, de la taille de 80 terrains de football, aussi vaste que la gigafactory de Tesla dans le Nevada. À terme, elle compte y produire des “dizaines de milliers” de systèmes militaires et d’armes autonomes par an, capables notamment de détecter et d’éliminer des intrus ou encore d’accompagner des avions de chasse. Pour financer cet ambitieux projet, Anduril a mené cet été une septième levée de fonds, d’un montant de 1,5 milliard de dollars, sur la base d’une valorisation de 14 milliards – doublée par rapport à fin 2022.

Réconcilier tech et défense – Anduril a été lancée à l’initiative de Palmer Luckey, qui s’était fait connaître en créant les casques de réalité virtuelle Oculus, rachetés par Facebook pour deux milliards de dollars. Il souhaite alors faire bouger les lignes, en réconciliant les nouvelles technologies et la défense. D’un côté, les grands de l’armement ne disposent en effet pas de l’expertise pour se lancer dans l’intelligence artificielle ou la robotique. De l’autre, les géants de la tech, parfois sous la pression de leurs employés, ne souhaitent pas travailler avec les armées. Palmer Luckey, lui, assume. Tout comme son principal investisseur, le milliardaire Peter Thiel, lui aussi soutien de Donald Trump. Et déjà à l’origine de Palantir, le spécialiste de l’analyste de données qui collabore avec le Pentagone et la CIA.

Surveillance de la frontière – Au départ, Anduril a concentré ses efforts sur la création d’un mur numérique à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, une alternative au mur physique que souhaitait ériger l’ancien président républicain. Depuis, la start-up a signé des contrats avec le service des douanes et de la protection des frontières. Elle lui fournit des systèmes de surveillance, capables de détecter des personnes jusqu’à 8 kilomètres à la ronde. Un algorithme d’intelligence artificielle analyse les images, puis envoie une notification en cas d’activité suspecte. Anduril se félicite ainsi d’avoir identifié des centaines de milliers “d’incursions”. Ce système peut aussi être utilisé pour protéger des sites sensibles. Et peut être couplé à un intercepteur équipé d’une charge explosive pour détruire des drones.

“L’IA change la donne” – L’entreprise propose également plusieurs modèles de drones, entièrement autonomes. Déjà déployés en Ukraine, ils présentent un avantage de taille, celui d’échapper aux brouilleurs qui coupent la connexion entre un appareil et son pilote. “L’IA change la donne, expliquait récemment Palmer Luckey à Bloomberg. Elle permet de déployer un grand nombre de systèmes de manière beaucoup plus utile”. À chaque fois, Anduril casse les coûts en utilisant des composants électroniques grand public. La start-up conçoit par ailleurs des sous-marins autonomes, pouvant descendre jusqu’à 6.000 mètres. L’US Navy va lui en acheter 200 exemplaires par an. Elle vient aussi de remporter, devant Boeing et Lockheed Martin, un contrat auprès de l’armée de l’air pour lui fournir un millier de drones de soutien aux avions de combat.

Pour aller plus loin:
– Palantir, l’anti-Silicon Valley qui veut séduire Wall Street
– Microsoft va équiper les soldats américains de lunettes de réalité augmentée


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