Microsoft équipera bientôt les soldats américains sur les champs de bataille. Jeudi, l’éditeur de Windows a officialisé un gigantesque contrat pour fournir au moins 120.000 lunettes de réalité augmentée à l’US Army. Cet accord, qui comprend aussi l’utilisation de services de cloud et d’intelligence artificielle, pourra atteindre jusqu’à 22 milliards de dollars (18,7 milliards d’euros) sur dix ans. Il concrétise une phase d’expérimentation menée depuis fin 2018, pour développer un “système intégré d’augmentation visuelle” à partir du casque HoloLens, qui permet de superposer des hologrammes dans le monde réel.
Aide à la visée – Dans un communiqué laconique, Alex Kipman, le principal responsable d’HoloLens chez Microsoft, indique simplement que ce système offrira aux soldats du futur “une meilleure connaissance de la situation, permettant le partage d’informations et la prise de décision dans une variété de scénarios”. Concrètement, ces lunettes, pensées pour le combat rapproché, seront directement intégrées aux casques des soldats. Elles leur permettront de consulter une carte, avec la position des membres de l’unité, une boussole ou encore des vidéos filmées par des drones. Elles offriront aussi une vision nocturne et thermique et un système d’aide à la visée, en affichant un petit réticule.
Architectes et policiers – Ce contrat concrétise les efforts de Microsoft dans la réalité augmentée. Le groupe de Redmond a été l’un des premiers à se lancer dans ce domaine, alors que ses rivaux se focalisaient à l’époque principalement sur la réalité virtuelle. Il avait présenté HoloLens dès janvier 2015. Si les premières démonstrations concernaient des applications grand public (regarder un film dans son salon, communiquer par Skype, jouer à Minecraft…), l’entreprise a depuis concentré ses efforts sur le marché professionnel. Notamment à cause du prix élevé de la technologie. HoloLens est ainsi utilisé par des groupes industriels, des cabinets d’architectes ou encore des services de police scientifique.
Contestation des employés – En 2018, la signature d’un premier contrat avec l’US Army avait suscité la colère d’une partie des employés de Microsoft. Une centaine d’entre eux avait ainsi signé une pétition, réclamant l’abandon du projet. Mais sans grande conséquence. Depuis le début, les dirigeants assument sans complexe leur choix de collaborer avec l’armée ou les services d’immigration américains. “Nous n’allons pas refuser de fournir des technologies aux institutions de nos démocraties”, justifiait en 2019 Satya Nadella, le patron de l’entreprise. Depuis, Microsoft a remporté un contrat de dix milliards de dollars pour héberger dans le cloud une partie des données du ministère américain de la défense.
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