Epic Games poursuit son combat. Après avoir obtenu l’an passé une première victoire judiciaire contre Google, le développeur du populaire jeu vidéo Fortnite a déposé une nouvelle plainte contre le moteur de recherche devant la justice californienne. Cette fois-ci, il cible aussi Samsung. Il accuse les deux groupes de s’être entendus pour bloquer le développement de sa boutique d’applications, officiellement lancée en août. Il n’apporte cependant aucune preuve, se contentant de citer des coïncidences qu’il considère comme troublantes. Son patron Tim Sweeney l’a d’ailleurs reconnu au cours d’une conférence de presse, mais il espère trouver des éléments compromettants lors de la phase de “discovery”, pendant laquelle Google et Samsung devront produire des documents, comme les conversations entre leurs dirigeants.
“Sources non autorisées” – La plainte d’Epic est centrée autour d’une nouvelle fonctionnalité, baptisée Auto Blocker, introduite l’an passé par Samsung. Et activée par défaut depuis juillet sur les nouveaux smartphones de la marque sud-coréenne. Celle-ci bloque l’installation d’applications depuis des “sources non autorisées”. En pratique, seules deux sources sont autorisées: les magasins mobiles de Samsung et de Google. Pour passer outre cette restriction, les utilisateurs doivent modifier les paramètres de leur téléphone. Un message d’avertissement apparaît alors pour les prévenir des risques de sécurité liés au téléchargement depuis d’autres boutiques ou depuis des sites Internet. Pour Epic, l’activation par défaut n’est pas due au hasard, puisqu’elle a eu lieu seulement un mois avant les débuts de son magasin d’applications.
“Longue histoire” – Baptisé Epic Games Store, celui-ci est disponible partout dans le monde sur les smartphones Android. La société estime que Samsung et Google se sont entendus pour limiter son succès, en compliquant davantage son installation et en suscitant la peur. Auto Block “n’a pas été conçue pour lutter contre les logiciels malveillants, mais pour empêcher la concurrence”, assure Tim Sweeney. Dans sa plainte, Epic souligne que les deux groupes ont déjà intégré des outils scannant l’ensemble des applications avant leur installation. Il ajoute que Samsung n’offre aucun moyen pour un autre acteur de devenir une source autorisée, peu importe sa légitimité. “Google et Samsung ont une longue histoire d’accords commerciaux visant à restreindre la concurrence dans la distribution des applications Android”, avance Epic.
Une menace ? – Pour le moment, l’Epic Games Store ne propose que trois jeux maison. Mais il est possible que le groupe décide de l’ouvrir à d’autres applications, attirant des développeurs qui ne souhaitent plus payer 15% ou 30% de commissions à Apple et à Google. Son lancement a été rendu possible par le Digital Markets Act européen, qui a mis fin au monopole du groupe à la pomme et au quasi-monopole du moteur de recherche sur la distribution d’applications mobiles, sur leur système d’exploitation respectif iOS et Android. Epic estime donc représenter une menace que les deux géants américains tenteraient d’anéantir. En Europe, il conteste les restrictions et les messages d’alerte affichés avant de pouvoir installer sa boutique. Il remet aussi en cause la nouvelle structure de commissions d’Apple et de Google.
Pour aller plus loin:
– Face à Epic, Google concède une défaite judiciaire retentissante
– Comment Apple tente d’échapper au DMA européen