Par , publié le 21 novembre 2024

Le scénario serait tellement radical qu’il reste toujours peu probable. Mais il ne peut pas être totalement écarté. Condamné cet été pour abus de position dominante dans la recherche en ligne, Google pourrait être contraint par la justice américaine de se séparer de son navigateur Internet Chrome, de très loin le plus utilisé dans le monde. Cette hypothèse fait en tout cas partie des remèdes proposés mercredi par le département de la Justice (DOJ). Celui-ci préconise aussi de “découpler” Android des autres services maison et d’interdire les accords commerciaux noués avec Apple ou Firefox. Objectif: renforcer la concurrence sur le secteur en s’assurant que Google ne bénéficie plus de ces avantages de distribution, qui empêchent ses rivaux d’atteindre la taille critique nécessaire pour pouvoir être véritablement compétitifs.

“Pouvoir monopolistique” – En août, au terme d’une procédure lancée en 2020, Google avait été reconnu coupable de pratiques anticoncurrentielles. Le juge chargé de l’affaire avait estimé que la société de Mountain View avait ainsi pu maintenir illégalement son quasi-monopole dans la recherche en ligne – elle s’accapare près de 90% du marché aux États-Unis. Et qu’elle avait profité de son “pouvoir monopolistique” pour augmenter le prix des publicités. Le département de la Justice reprochait en particulier à Google d’obliger les fabricants de smartphones Android à installer sa barre de recherche, sous peine de ne plus avoir accès à l’indispensable boutique d’applications Play Store. Ou encore d’avoir signé une multitude d’accords commerciaux pour s’assurer d’être le moteur par défaut des navigateurs concurrents de Chrome.

Barre de recherche – Pour remédier à cette situation, le DOJ estime qu’il est indispensable de séparer Chrome de Google, par une scission ou une vente. Sur le papier, cela pourrait permettre à un rival de devenir le moteur de recherche par défaut du navigateur. Et donc de grossir très fortement. En revanche, les autorités ne réclament pas une vente d’Android. Elles recommandent simplement que la barre de recherche ne soit plus installée par défaut. Elles souhaitent aussi forcer Google à partager des données avec ses rivaux, en particulier son index de recherche, qui recense toutes les pages Web que ses robots ont répertoriées. Et elles veulent que les éditeurs puissent refuser que leurs contenus servent à entraîner les modèles d’intelligence artificielle générative de Google. Ou à alimenter son nouveau module “AI Overviews”.

Sauvé par Trump ? – Le groupe dispose désormais d’un mois pour proposer des remèdes alternatifs. La décision reviendra au juge. Une audience est prévue en avril, pour un verdict attendu en août. D’ici là, l’administration américaine va changer, avec le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui s’est prononcé contre un démantèlement de Google. Les futures responsables du DOJ pourraient donc ne plus réclamer la vente de Chrome ou le “découplage” d’Android. Des mesures moins radicales semblent plus probables. Par exemple, un écran de sélection du moteur de recherche par défaut sur Chrome et Android, comme en Europe. Dans tous les cas, Google a déjà annoncé son intention de faire appel de sa condamnation. Et demandera aussi très certainement que les mesures correctives ne soient pas appliquées avant la fin de cette procédure

Pour aller plus loin:
– La justice américaine ordonne à Google d’ouvrir son Play Store à ses rivaux
– Les Etats-Unis veulent démanteler la machine publicitaire de Google


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