Google est d’humeur coopérative. Après avoir accepté lundi de revoir certaines de ses pratiques publicitaires sous la pression de l’Autorité de la concurrence, la société américaine vient d’accéder à une demande de la Commission européenne. Mardi, elle a annoncé une refonte du processus de sélection du moteur de recherche par défaut sur les smartphones Android, imposé depuis deux ans par Bruxelles. Google va notamment mettre un terme aux enchères qui permettaient de déterminer les trois alternatives proposées à ses utilisateurs, un procédé qui était fortement critiqué par ses rivaux.
Aucun impact – Le groupe de Mountain View avait ajouté cet écran de sélection à l’été 2019, suite à sa condamnation l’année précédente à une amende record de 4,3 milliards d’euros. Bruxelles avait alors estimé qu’il s’était servi de son système Android, qui équipe près de 70% des smartphones vendus en Europe, pour favoriser son propre moteur de recherche. Et ainsi empêcher l’émergence de véritables rivaux. Mais la solution proposée par Google, puis validée par l’exécutif européen, n’a eu absolument aucun impact. Selon les estimations de Statcounter, sa part de marché est restée identique, avec 97% des recherches effectuées sur mobiles en Europe.
Les petits désavantagés – Pis encore, le système d’enchères pénalisait grandement la concurrence. “Les alternatives de Google qui participent aux enchères doivent lui donner la plupart de leurs bénéfices”, soulignait ainsi le moteur DuckDuckGo. Ce qui ne faisait qu’amplifier le gouffre financier qui les séparent déjà du géant américain. En outre, cette compétition financière avantageait les acteurs pouvant payer, au détriment des plus petits, ne disposant pas assez d’argent pour remporter la mise. Lors des dernières enchères, seulement trois acteurs, dont Microsoft, avaient ainsi gagné les principaux marchés européens.
Douze choix – À partir de septembre, Android proposera beaucoup plus d’options. Dans chaque pays, les cinq premiers moteurs en termes de parts de marché apparaîtront immédiatement. Les utilisateurs pourront ensuite afficher sept autres alternatives. Soit douze choix au lieu de quatre, dont Google. “Une véritable avancée”, se félicite Jean-Claude Ghinozzi, le directeur général du français Qwant. Mais il regrette qu’il soit toujours aussi difficile de modifier le moteur de recherche par défaut après la configuration initiale du smartphone. Malgré les concessions négociées par Bruxelles, il est peu probable que la part de marché de Google ne baisse fortement.
Pour aller plus loin:
– L’Europe s’interroge sur l’efficacité des amendes infligées à Google
– La start-up Neeva fait le pari du payant pour contrer Google dans la recherche