Par , publié le 19 mai 2025

Cinq ans après la plainte déposée par Slack, Microsoft entrevoit le bout du tunnel. Satisfaite par de nouvelles concessions, la Commission européenne vient d’ouvrir une période de consultation publique, dernière étape avant la fermeture définitive du dossier. Le groupe de Redmond, qui éviterait ainsi une lourde amende, était poursuivi pour avoir abusé de la position dominante de sa très populaire suite bureautique Microsoft 365 afin d’imposer Teams dans les entreprises. Il s’engage désormais à mettre un terme à la vente liée obligatoire, qui rendait de fait gratuit l’accès à sa plateforme de communication et de collaboration pour l’ensemble de ses clients. Et il promet aussi de ne plus limiter l’interopérabilité entre ses autres produits maison et les concurrents, comme Slack ou Zoom, ce qui a pu pousser certaines entreprises à opter pour Teams.

Plainte de Slack – Lancé en 2017 comme une plateforme de messagerie en entreprise, Teams est la réponse de Microsoft à l’immense succès de Slack. Dès le départ, la société décide de l’inclure au sein de sa suite bureautique, qui donne également accès aux versions en ligne de Word, Excel ou encore PowerPoint. Cela lui permet de toucher une immense base d’utilisateurs, tout en empêchant qu’ils sortent de son écosystème logiciel. Cette pratique fait bondir Slack. La start-up, rachetée par Salesforce, décide alors de déposer plainte devant Bruxelles à l’été 2020, réclamant que son rival soit vendu séparément à un “prix raisonnable”. Depuis, le succès de Teams s’est accentué, profitant de la crise sanitaire et de l’ajout des visioconférences. Fin 2023, le service comptait ainsi plus de 320 millions d’utilisateurs quotidiens, gratuits ou payants.

Écart de prix – Face aux interrogations de Bruxelles, Microsoft a rapidement réagi pour éviter une sanction. Depuis 2023, la société offre ainsi en Europe – et désormais partout dans le monde – des abonnements à sa suite 365 ne comprenant pas un accès aux fonctionnalités payantes de Teams. Cette offre permet aux particuliers et aux petites entreprises d’économiser entre un et deux euros par mois. L’écart de prix est de cinq euros pour les abonnements dédiés aux grandes entreprises. Microsoft a aussi pris des mesures pour renforcer l’interopérabilité. Et ne force plus les clients de 365 à installer obligatoirement Teams. Mais ces ajustements ont été jugés “insuffisants” à l’été 2024 par la Commission. Celle-ci a notamment estimé que la différence de tarif n’était pas assez importante pour avoir un impact sur le paysage concurrentiel.

Stratégie gagnante – Microsoft a dû revoir sa copie. Le groupe propose de porter l’écart de prix à huit euros pour les grandes entreprises. Un montant davantage en ligne avec les tarifs du marché – Slack est commercialisé à partir de 8,25 euros par mois et Zoom à partir de 12,49 euros. Il s’engage aussi à renforcer encore davantage l’interopérabilité entre ses services et les rivaux de Teams. Si la Commission valide ses nouvelles propositions, le concepteur de Windows récoltera les fruits de sa stratégie de coopération. Celle-ci contraste avec la logique d’affrontement suivie par Google ou Apple, qui s’est traduite par plusieurs milliards d’euros d’amende. Sur le marché du cloud, Microsoft a suivi la même feuille de route, échappant pour l’instant à une sanction grâce à des accords à l’amiable avec ses concurrents, dont le français OVHcloud

Pour aller plus loin:
– Google Cloud porte plainte contre Microsoft auprès de Bruxelles
– L’alliance entre Microsoft et OpenAI reste dans le collimateur de Bruxelles


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