Par , publié le 3 juin 2025

En 2017, Mark Zuckerberg n’avait pas hésité à renvoyer avec fracas Palmer Luckey, le fondateur du fabricant de casques de réalité virtuelle Oculus, qu’il avait racheté pour deux milliards de dollars trois ans plus tôt. Le voilà désormais qui s’affiche tout sourire à ses côtés. La semaine dernière, Meta a officialisé un partenariat avec la start-up Anduril afin de concevoir des lunettes de réalité augmentée pour les soldats américains. Cette alliance, improbable il y a quelques mois, symbolise le virage radical de la maison mère de Facebook. Non seulement celle-ci ne cesse de se rapprocher de la galaxie Trump – Palmer Luckey est un soutien de la première heure du président américain, tout comme Peter Thiel, principal investisseur d’Anduril –, mais elle souhaite aussi désormais travailler pour les armées, un sujet longtemps tabou dans la Silicon Valley.

Surveillance de la frontière – Palmer Luckey a lancé Anduril quelques mois après son licenciement – motivé, selon lui, par des raisons politiques. Il souhaite alors réconcilier les nouvelles technologies et la défense. D’un côté, les grands de l’armement ne disposent pas d’expertise en intelligence artificielle ou en robotique. De l’autre, les géants de la tech refusent de s’aventurer sur le terrain militaire, parfois sous la pression de leurs employés. Au départ, la start-up a concentré ses efforts sur des systèmes de surveillance pour l’agence américaine de protection des frontières. Depuis, elle a étendu son offre, avec des modèles de drones entièrement autonomes ou encore des sous-marins autonomes. Elle a déjà signé des contrats avec l’armée de l’air américaine et l’US Navy, cassant les prix en utilisant des composants électroniques grand public.

Échec de Microsoft – En s’associant avec Meta, Anduril vise un autre contrat, potentiellement gigantesque, cette fois-ci auprès de l’US Army, l’armée de terre américaine. Celui-ci porte sur la conception d’un “système de commandement de mission porté par le soldat”. Autrement dit: un appareil de réalité augmentée, directement intégré aux casques, permettant aux soldats d’accéder à des informations pertinentes, notamment des cartes, sur le champ de bataille. Il doit aussi être équipé de capteurs thermiques et infrarouges pour aider à détecter les ennemis. Et il doit permettre aux soldats d’opérer ou d’interagir à distance avec des drones. Initialement, le projet devait être mené par Microsoft, mais son casque HoloLens n’a jamais convaincu. Le précédent contrat est donc remis en jeu. En début d’année, Anduril en a déjà récupéré une partie.

Avancées matérielles – Pour réussir là où le concepteur de Windows a échoué, les deux partenaires comptent sur l’expertise de chacun. Anduril apporte au projet sa plateforme logicielle militaire et ses algorithmes d’intelligence artificielle. Meta amène ses avancées dans la partie matérielle, affichées l’an passé au sein de son projet de lunettes Orion. Par exemple, des verres en carbure de silicium, offrant un champ de vision inégalé, ou un bracelet neuronal, qui capte les signaux électriques des muscles de l’avant-bras pour contrôler l’interface avec ses doigts. Pour la société de Menlo Park, l’alliance avec Anduril pourrait représenter une bouchée d’oxygène pour sa division Reality Labs, qui travaille sur ces technologies. Depuis cinq ans, celle-ci a englouti plus de 70 milliards de dollars, sans se rapprocher de véritables débouchés commerciaux.

Pour aller plus loin:
– Anduril, la start-up controversée qui veut réconcilier la tech et l’armement
Mark Zuckerberg prête allégeance à Donald Trump


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