Par , publié le 1 décembre 2020

General Motors a préféré ne pas prendre de risques. Lundi, le constructeur automobile a annoncé qu’il renonçait à investir dans Nikola, une start-up américaine qui se rêve en rivale de Tesla. Mais qui est désormais accusée de fraude par un fonds d’investissement. Fini donc le vaste partenariat capitalistique, technologique et industriel annoncé début septembre. A la place, GM ne sera plus qu’un simple fournisseur de batteries. “C’est un coup majeur à l’histoire vendue par Nikola”, souligne Dan Ives, analyste chez Wedbush. A Wall Street, son action a ainsi plongé de 27% lundi.

Camions à hydrogène – Fondé il y a cinq ans, Nikola, dont le nom fait lui aussi référence à Nikola Tesla, s’est d’abord fait connaître pour son projet de camions propulsés à l’hydrogène, une technologie encore peu développée mais qui suscite aujourd’hui de nombreux espoirs pour accélérer la transition écologique. L’entreprise promet depuis de produire également des modèles électriques, moins révolutionnaires. En février, elle avait aussi présenté un pick-up, le Badger, un produit grand public qui devait lui permettre de rentrer en concurrence frontale avec le Cybertruck de Tesla. Autant de promesses savamment orchestrées par un marketing très efficace.

Le Badger mis “en pause” – L’accord avec General Motors avait permis à Nikola, qui n’a jamais produit le moindre véhicule, de crédibiliser ses projets industriels. Non seulement, le groupe de Detroit devait investir deux milliards de dollars dans la société, en échange d’une participation de 11%. Mais il devait aussi être responsable de la production du Badger dès la fin de l’année 2022. Cela devait permettre à Nikola de limiter ses investissements en capital, tout en concentrant ses efforts sur le développement complexe de ses semi-remorques. Sans GM, le programme a été mis “en pause”. Il ne reprendra que si un nouveau partenaire industriel est trouvé. Une hypothèse qui semble, à l’heure actuelle, peu probable.

“Fraude complexe” – Mi-septembre, le fonds Hindenburg Research avait accusé Nikola de “fraude complexe”. “Nous n’avions jamais vu un tel niveau de tromperie au sein d’une entreprise cotée”, assurait-il dans un rapport très documenté. Il reprochait, par exemple, à l’entreprise une vidéo promotionnelle mensongère laissant croire que son camion était déjà fonctionnel alors qu’il était en réalité juste en train descendre une pente. Ou encore d’avoir vanté une “technologie révolutionnaire” pour les batteries, qui n’a en fait jamais existé. Dans la foulée, une enquête avait été ouverte par les autorités boursières. Et le fondateur Trevor Milton avait dû quitter ses fonctions. Pas suffisant cependant pour rassurer GM.

Pour aller plus loin:
– Les camions à hydrogène de Nikola accusés de fraude
– Grâce à de nouvelles batteries, Tesla promet de casser les prix


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