La boite e-mail Hey
Par , publié le 19 juin 2020

Le timing ne pouvait pas être plus mauvais. Jeudi, Apple a confirmé le rejet de l’application Hey de son App Store. Récemment lancé, ce service payant d’e-mails (99 dollars par an) avait tenté de contourner la “taxe Apple”, les commissions que le groupe à la pomme prélève sur chaque achat ou abonnement. L’affaire fait grand bruit, deux jours à peine après l’officialisation d’une enquête européenne sur les règles de la boutique d’applications. Et à quatre jours seulement de la conférence annuelle WWDC, qui rassemble les développeurs d’applications Apple.

Stratagème – Dans un message envoyé à la start-up Basecamp, à l’origine de Hey, la société de Cupertino justifie sa décision par un manquement aux règles sur les achats “in-app”. Plus précisément, elle lui reproche de ne pas permettre aux utilisateurs de s’abonner directement depuis son application. Ils doivent le faire depuis le site Internet de Hey. Ce stratagème permet aux développeurs de ne pas verser 30% de leurs recettes (puis 15% au bout d’un an d’abonnement) à Apple. Il est aussi utilisé par Netflix ou Spotify. Mais ces services, tout comme les journaux, ne sont pas soumis aux mêmes règles.

Position de force – Si la décision d’Apple suit les conditions d’utilisation de l’App Store, elle soulève deux problèmes. D’abord, une absence de cohérence dans l’interprétation et l’application des règles. Par exemple, des applications d’e-mails fonctionnant de la même manière que Hey ont, elles, été autorisées par les équipes d’Apple. Ensuite, la position dominante de la société qui lui permet de fixer une commission élevée. “Du vol”, assène le parlementaire américain David Cicilline, qui dirige une commission d’enquête sur les pratiques anticoncurrentielles des géants du numérique.

Les règles ne changeront pas – Dans sa communication, Apple souligne régulièrement son rôle primordial dans la création d’une “app economy”, qui aurait généré plus de 500 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2019 grâce aux possesseurs d’iPhone et d’iPad. Sans l’App Store, toutes ces entreprises n’auraient pas pu se développer à la même vitesse, ajoute la société. Et ses règles permettent avant tout de créer « un environnement sûr et sécurisé ». Jeudi, Apple a assuré que celles-ci ne changeront pas. Les développeurs d’applications ne peuvent, de toute façon, que les accepter. Sous peine de se priver de la partie la plus lucrative des utilisateurs de smartphones et de tablettes.

La fronde monte – Cependant de nombreuses voix s’élèvent contre la “taxe Apple” – un peu moins contre les commissions identiques prélevées par Google sur la boutique Play Store, car les montants en jeu sont plus faibles et  les règles y sont un peu moins strictes. En Europe, la plate-forme de streaming audio Spotify et la distributeur de livres électroniques Kobo ont convaincu Bruxelles de se pencher sur le dossier. Ils accusent Apple de se livrer à une concurrence déloyale, au profit de ses services maison comme Apple Music et Apple Books. L’application de rencontres Tinder et le créateur du jeu Fornite, Epic Games, remettent aussi en cause ce modèle. Leur salut est désormais dans les mains des autorités.

 


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