Par , publié le 12 octobre 2020

A peine les difficultés de Mediapro connues, que leurs noms étaient déjà cités. Face à un potentiel défaut de paiement de son principal diffuseur – qui s’est engagé à verser 780 millions d’euros par saison pendant quatre ans -, la Ligue 1 pourrait se tourner vers Amazon, Apple, Facebook ou Google. Des géants américains, à la surface financière énorme, que l’on dit intéressés par les droits sportifs européens. Penser que l’une de ces sociétés dépensera 600, 700 ou 800 millions d’euros par an relève cependant d’un double fantasme: croire qu’elles dépensent sans compter et croire que le championnat français a une valeur suffisante à leurs yeux pour justifier un tel prix.

Amazon achète des droits – Parmi les Gafa, Amazon est celui qui s’intéresse le plus au sport. Au Royaume-Uni, le géant du commerce en ligne a acheté les droits pour diffuser 20 matchs de Premier League par saison. En Allemagne, il va retransmettre 16 matchs de Ligue des champions et il a tenté de récupérer des rencontres de Bundesliga. En France, il a mis la main sur les futures sessions nocturnes de Roland Garros. Son objectif est d’enrichir son abonnement Prime, qui propose notamment la livraison gratuite. Cette offre payante a été placée au cœur de sa politique de développement, car elle permet de fidéliser les clients et ainsi d’augmenter les ventes.

Équation difficile à résoudre – La stratégie d’Amazon consiste à acheter suffisamment de droits pour attirer de nouveaux abonnés, mais pas trop pour ne pas dépenser plus que nécessaire. Pour la Ligue 1, cela signifie que la société pourrait être intéressée par un lot. Mais pas par les huit matchs par journée diffusés aujourd’hui par Mediapro. Elle n’a d’ailleurs jamais dépensé une telle somme sur une seule compétition. Car le retour sur investissement serait peu probable. Même en prenant en compte une potentielle hausse du prix de Prime, aujourd’hui commercialisé à 50 euros par an, ou les retombées indirectes sur l’activité, l’équation financière semble difficile à résoudre.

Facebook change de cap – Entre 2017 et 2018, Facebook a, lui aussi, acheté des droits sportifs. Mais le réseau social a depuis abandonné ses ambitions dans le domaine – comme l’avait fait Twitter avant lui -, faute d’avoir pu rentabiliser ces investissements par du sponsoring et de la publicité. En outre, Facebook prévoit de dépenser “seulement” 1,4 milliard de dollars par an pour alimenter sa plate-forme de vidéos Watch. Les droits détenus par Mediapro représentent donc plus de la moitié de son enveloppe. Quant à Apple et Google, ils n’ont encore jamais signé d’accord pour diffuser des événements sportifs. Là aussi, la question du modèle économique demeure sans réponse.

DAZN, l’invité surprise ? – Reste un nouvel acteur: DAZN, une plate-forme britannique qui ambitionne de créer le Netflix du sport. Lancée en 2016, elle est soutenue financièrement par le milliardaire Len Blavatnik. Elle a notamment investi massivement en Allemagne pour mettre la main sur la majeure partie des droits de la Ligue des champions et sur 106 matchs par an de Bundesliga. Pour la société, la Ligue 1 pourrait représenter une porte d’entrée sur le marché français. En difficultés financières, elle ne pourra cependant pas offrir autant que Mediapro. Comme Amazon, DAZN pourrait alors se positionner sur quelques rencontres par journée.

Pour aller plus loin:
– Comment l’Europe veut lutter contre la domination des Gafa
–  Comment Netflix tente de percer en Afrique


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