Payer pour faire connaître leurs chansons. C’est la nouvelle proposition faite par Spotify aux artistes et aux maisons de disque. Une proposition qui pourrait susciter des remous aussi bien du côte de l’industrie du disque, qui se plaint déjà de ne pas être assez rémunérée, que des utilisateurs. Car si la plate-forme de streaming se garde bien d’employer le terme, il s’agit bien d’une fonctionnalité d’écoutes sponsorisées. Forte de son audience de 320 millions d’utilisateurs, la société espère ainsi dégager de nouvelles sources de recettes. Alors même qu’elle n’est toujours pas rentable.
Royalties plus faibles – Concrètement, les artistes ou les maisons de disque peuvent choisir des titres qu’ils souhaitent mettre en avant. Ces chansons auront alors plus de chances d’être jouées dans les radios et dans les lectures automatiques générées par le service. Spotify assure cependant qu’il ne s’agit que d’un “signal” parmi beaucoup d’autres. Autrement dit, la plate-forme promet qu’elle ne placera pas des écoutes sponsorisées ne correspondant pas aux goûts musicaux de ses utilisateurs. En échange, les artistes acceptent de toucher de royalties plus faibles sur chaque stream généré. Spotify ne précise pas le montant du rabais, expliquant toujours expérimenter le modèle.
Bénéfique pour les artistes ? – Encore en phase de test, cette nouvelle option sera ensuite accessible à tous les artistes et maisons de disque. Spotify assure qu’elle leur sera bénéfique: la baisse des royalties par écoute devant être compensée par une hausse du nombre d’écoutes. Mais le système pourrait aussi avoir un impact négatif pour les artistes qui ne paient pas, en réduisant le nombre de fois où leurs titres seront recommandés. S’il est largement adopté, il pourrait ainsi contraindre d’autres artistes à faire de même pour éviter une baisse de leurs écoutes. Un scénario qui arrangerait bien Spotify, qui pourrait alors générer de nombreux streams à moindre coût.
“Double face” – Près de quinze ans après sa création, la société suédoise n’est en effet toujours pas rentable – malgré une nette amélioration de ses performances opérationnelles. L’an passé, elle a dévoilé une nouvelle stratégie baptisée “marché à double face”. Celle-ci consiste à ne plus seulement monétiser ses utilisateurs, mais aussi les 450.000 artistes présents sur son service. Soit indirectement, par le biais d’une baisse des royalties, soit directement, par exemple avec des pop-up publicitaires pour promouvoir leurs derniers titres auprès de leurs fans. “Si nous réussissons, les maisons de disque pourraient transférer une partie de leur budget publicitaire destiné à Google, Facebook et Instagram”, anticipe Daniel Ek, le patron de Spotify.
Pour aller plus loin:
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