Par , publié le 11 novembre 2020

Comme chaque 11 novembre, Alibaba célèbre ce mercredi la fête des célibataires,  24 heures de promotions qui représentent la plus importante journée de l’année pour le commerce en ligne. Pour le géant chinois, le contexte est particulier. Non seulement parce que l’épidémie de coronavirus a donné un coup de fouet au secteur, et devrait lui permettre de battre son record de vente, établi en 2019, de 268 milliards de yuans (34,2 milliards d’euros). Mais aussi parce qu’il a bien besoin de retrouver le sourire face à une accumulation de mauvaises nouvelles.

Repli de la croissance – Après le bond enregistré au printemps, Alibaba a connu au troisième trimestre un ralentissement de sa croissance. Les recettes de ses deux principales plates-formes chinoises, Tmall et Taobao, n’ont progressé que de 20% sur la période, leur plus faible gain en cinq ans (hors premier trimestre 2020, impacté par les restrictions drastiques liées au coronavirus). Cette contre-performance s’inscrit dans une tendance de fond: le leader du marché doit affronter une concurrence accrue. De la part de son rival historique, JD.com, dont le modèle intégré est désormais un avantage. Mais aussi de nouveaux acteurs, en particulier Pinduoduo, un site d’achats groupés qui attire presque autant d’acheteurs qu’Alibaba.

IPO d’Ant repoussée – La société fait aussi face aux incertitudes liées au sort d’Ant Group, sa filiale de paiement dont l’introduction en Bourse a été suspendue au dernier moment par les autorités chinoises. Celles-ci veulent lui imposer un renforcement des exigences de fonds propres sur les prêts qu’elle accorde. Un changement qui menace son statut de fintech peu régulée, pour la rapprocher davantage des réglementations du secteur bancaire. Cela pourrait avoir deux conséquences. D’abord, une chute de sa valorisation, qui pourrait être divisée par deux selon les analystes, et donc de la valeur de la participation détenue par Alibaba. Ensuite, une baisse de sa rentabilité, ce qui se répercuterait dans les comptes de sa maison mère. Au troisième trimestre, Ant a généré 16% des profits d’Alibaba.

Revirement des autorités – Une autre menace pèse sur le groupe fondé par Jack Ma: la volonté de Pékin de limiter la domination d’Alibaba, Tencent et autres. Cela représente un revirement majeur: le régime a longtemps été plutôt laxiste pour permettre à ses champions nationaux de devenir des géants mondiaux. Mardi, il a dévoilé de nouvelles mesures pour favoriser la concurrence, en encadrant l’utilisation des données, les alliances stratégiques ou encore la vente à perte. Celles-ci prévoient également de pouvoir imposer la cession d’une activité à une entreprise jugée trop puissante. Ces règles, qui doivent encore être finalisées, pourraient notamment remettre en cause les liens étroits entre les plates-formes d’e-commerce d’Alibaba et les services d’Ant, comme Alipay.

Pour aller plus loin:
– Comment Alibaba veut révolutionner le commerce physique
– Pour abaisser ses coûts, Alibaba mise sur les robots-livreurs


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