Par , publié le 17 novembre 2020

Une question de “survie”. Huawei ne manie pas la langue de bois pour justifier la vente de sa marque de smartphones Honor. Au centre de nombreuses rumeurs depuis quelques semaines, celle-ci a été officialisée mardi. L’acheteur est un consortium de plus de 30 entreprises privées et publiques chinoises, qui devrait verser 100 milliards de yuans (12,8 milliards d’euros), selon une source citée la semaine dernière par l’agence Reuters. Cette opération a été précipitée par les sanctions infligées depuis septembre par les Etats-Unis, qui empêchent Huawei d’acheter des puces et d’autres composants électroniques.

Échapper aux restrictions – Lancée en 2011, Honor est devenue une entité indépendante deux ans plus tard. Elle se différencie de son ancienne maison-mère par son modèle de distribution, principalement en ligne, et par la cible visée, les adolescents. Ses smartphones se situent dans le milieu de gamme, quand Huawei privilégie davantage l’entrée de gamme et les modèles premium. La marque a contribué à la forte croissance des ventes du groupe chinois, jusqu’à le propulser en début d’année au rang de premier fabricant mondial. Sans aucun lien avec Huawei, Honor devrait pouvoir échapper aux restrictions américaines. Mais les analystes doutent de sa capacité à être véritablement compétitif sans le soutien et l’accès à la recherche et développement de Huawei.

Pénurie de composants – Huawei a été placé l’an dernier sur l’Entity list, qui lui interdit toute relation commerciale avec des entreprises américaines. Cela signifie notamment que la société n’a plus accès à Android et au Play Store Google – ce qui commence à se répercuter fortement sur ses ventes en Europe. Ou encore aux puces 5G de Qualcomm. Mais ces sanctions vont encore plus loin: elles interdisent aussi aux groupes étrangers de travailler avec elle, dès lors qu’ils utilisent des équipements américains. Ainsi, le taïwanais TSMC a dû arrêter de fabriquer les puces conçues par Huawei pour ses smartphones haut de gamme. Dans l’incapacité de se fournir en composants, la marque chinoise doit donc réduire la voilure.

Assouplissement des sanctions ? – En se séparant de Honor, Huawei va pouvoir concentrer ses ressources limitées sur sa propre gamme de smartphones, qui affichent des marges plus fortes. Certes, le fabricant a récemment obtenu des dérogations de la part de Washington pour acheter des composants à plusieurs fournisseurs. Par exemple, des capteurs photo à Sony, des puces 4G à Qualcomm ou encore des écrans à Samsung. Mais ces dérogations demeurent limitées. Un espoir subsiste avec l’arrivée, fin janvier, de Joe Biden à la Maison blanche. Le nouveau président des Etats-Unis pourrait en effet assouplir certaines sanctions pesant sur Huawei… ce qui pourrait notamment lui permettre de racheter Honor, anticipent déjà des observateurs.

Pour aller plus loin:
– Avec Joe Biden, Huawei peut espérer un allègement des sanctions américaines
– Huawei prépare sa vie sans Android


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