Par , publié le 19 novembre 2020

C’est un changement majeur et inattendu, qui pourrait bien prendre de court les détracteurs d’Apple. Mardi, le groupe à la pomme a annoncé qu’il allait diviser par deux les commissions de son App Store, mais seulement pour les plus petits développeurs. Cela exclut donc Spotify, Epic, Deezer ou encore Match, les contestataires les plus virulents qui dénoncent depuis des mois ces prélèvements qu’ils jugent exorbitants. Mais la décision d’Apple – qui n’aura qu’une impact minimal sur son chiffre d’affaires – les isole désormais et les prive d’une partie de leurs arguments auprès des régulateurs et de l’opinion publique.

98% des développeurs concernés – Depuis le lancement de sa boutique d’applications en 2008, Apple prélève une commission de 30% sur chaque achat ou abonnement (15% pour un réabonnement). A partir du 1er janvier, les développeurs ayant généré moins d’un million de dollars de recettes en 2020 pourront bénéficier d’un taux abaissé à 15%. Pour 100 dollars d’achats générés, ils conserveront ainsi 15 dollars de plus, soit un gain de 21%. Selon le cabinet Sensor Tower, 98% des développeurs seront éligibles à ce nouveau taux. Mais les 2% restants représentent environ 95% des sommes dépensées sur l’App Store. Autrement dit: le manque à gagner pour Apple ne se chiffrait ainsi qu’à 2,5%. Un moindre mal.

“Machiavélique” – Sans surprise, cette annonce a fait bondir les détracteurs de la société, qui réclament toujours des changements beaucoup plus radicaux. “Machiavel aurait été fier d’Apple”, ironise ainsi David Heinemeier Hansson, le patron de Basecamp, dont l’application d’e-mail Hey avait temporairement été retirée de l’App Store en juin. Il dénonce une mesure destinée à diviser la communauté des développeurs. “Apple espère éliminer assez de critiques pour […] préserver son monopole sur la distribution et le paiement”, renchérit Tim Sweeney, le patron d’Epic Games, l’éditeur du jeu Fortnite, qui a été banni de l’App Store pour avoir mis en place sa propre plate-forme de paiement.

Enquêtes aux Etats-Unis et en Europe – Les critiques du concepteur de l’iPhone ne réclament pas seulement une baisse des commissions, qui sont une source importante de profits. Ils dénoncent aussi l’impossibilité d’utiliser d’autres plates-formes de distribution et de paiement ou encore des pratiques anti-concurrentielles visant notamment à favoriser les services d’Apple. Ils espèrent ainsi que les modifications annoncées mercredi n’influenceront pas les actions actuellement menées par les régulateurs. En Europe, la Commission a ouvert en juin une enquête sur les règles de l’App Store. Elle a depuis été suivie par l’autorité de la concurrence australienne. Et une procédure antitrust pourrait bientôt être lancée aux Etats-Unis.

Pour aller plus loin:
– Spotify, Epic et Deezer s’allient contre la “taxe Apple”
– Le conflit entre Apple et Epic Games devant la justice américaine


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