Par , publié le 15 décembre 2020

Les sanctions restent symboliques mais elles représentent un nouvel avertissement adressé à Alibaba et aux autres géants chinois du numérique. Lundi, Pékin a infligé une amende de 500.000 yuans (63.000 euros) au champion du commerce en ligne. Il lui est reproché de ne pas avoir déclaré certaines de ses acquisitions auprès des autorités de la concurrence. Une pratique très répandue en Chine mais qui n’avait jusque-là jamais été sanctionnée. Deux autres sociétés, dont la bibliothèque en ligne China Literature qui compte Tencent parmi ses investisseurs, ont également été rappelées à l’ordre.

Amende maximale – Longtemps les entreprises du numérique ont pourtant profité de l’attitude laxiste, voire bienveillante, des autorités chinoises. Rarement inquiétées malgré des pratiques agressives et protégées de la concurrence des géants américains, elles sont devenues de véritables mastodontes qui ne cessent de gagner de nouveaux pans de l’économie. C’est particulièrement vrai pour Alibaba et Tencent, deux groupes tentaculaires qui multiplient les activités et les prises de participation. Le respect de la concurrence n’a jamais été une priorité de Pékin.

Reprise en main – Le revirement opéré par le gouvernement de Xi Jinping est ainsi d’autant plus spectaculaire. Il s’apparente à une reprise en main face à des groupes et des entrepreneurs devenus beaucoup trop puissants. Depuis début novembre, le régime chinois multiplie donc les initiatives. Il a d’abord imposé des restrictions sur les prêts accordés par les plates-formes numériques aux particuliers et petites entreprises. Un durcissement réglementaire qui avait entraîné la suspension de l’entrée en Bourse record d’Ant Group, la filiale de paiement d’Alibaba. Un autre projet de loi prévoit de limiter la collecte et l’utilisation des données personnelles par les services de paiement ou les applications vidéo.

Jusqu’au démantèlement ? – Mais la menace la plus pesante provient d’un vaste projet de réforme des règles anticoncurrentielles qui s’appliquent aux nouvelles technologies. Les régulateurs ciblent notamment les clauses d’exclusivité, qui forcent un marchand ou un restaurateur à n’utiliser qu’une seule plate-forme de livraison, la vente à perte pour éliminer les nouveaux entrants ou les rivaux les plus fragiles, ou encore les alliances entre duopoles pour se partager un marché. Dans ce projet, l’administration chinoise préconise notamment de contraindre les entreprises trop monopolistiques à se séparer de certaines activités ou à partager certaines technologies.

Pour aller plus loin:
– L’introduction d’Ant Group suspendue par les autorités chinoises
– Pour Alibaba, un Singles’ Day pour oublier les difficultés


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