Par , publié le 13 janvier 2021

“Nous allons rendre les médias traditionnels inutiles”, jubile Andrew Torba. Depuis la fermeture temporaire de son rival Parler, Gab est le nouveau refuge des partisans les plus extrêmes de Donald Trump. En deux jours, le réseau social qu’il dirige aurait ainsi gagné plus d’un million de nouveaux membres. Parmi eux, des élus républicains, des complotistes et des suprémacistes blancs. Mais pas encore le président des Etats-Unis, banni la semaine dernière de Facebook et de Twitter après l’invasion du Capitole américain.

Pas de modération – Fuyant la modération ou exclue des réseaux sociaux, l’extrême droite américaine se retrouvait jusqu’à présent davantage sur Parler. Suite à la suspension du compte Twitter de Donald Trump, la plate-forme avait d’ailleurs connu un bond de son activité. Mais elle est désormais indisponible, après avoir été exclue des serveurs d’Amazon Web Services (AWS). Depuis lundi, Gab a donc repris le flambeau. Fondé en 2016, le réseau se présente comme un “champion de la liberté d’expression”, qui ne se livre à aucune modération. Ni des messages haineux, ni des théories sur la gigantesque fraude électorale qui aurait privé le locataire de la Maison blanche d’un second mandat.

Donations en bitcoin – Comme elles le font aujourd’hui avec Parler, les sociétés tech lui ont rapidement fermé leurs portes. Le réseau social n’est ainsi plus présent sur l’App Store d’Apple et sur le Play Store de Google. Il ne peut plus recevoir des paiements avec PayPal et Stripe. En 2018, Microsoft avait menacé de lui couper l’accès à sa plate-forme Azure, réclamant et obtenant la suppression de deux messages antisémites. Paradoxalement, ces déboires expliquent le succès actuel de Gab. Depuis deux ans, le groupe a en effet dû trouver des alternatives. Les donations et achats sur la boutique sont effectués par chèque ou en bitcoin. Et l’hébergement est réalisé sur des serveurs internes.

“Alternative à la Silicon Valley” – Le défi pour Gab sera de conserver cette audience, même après le retour de Parler. Puis de générer des recettes. En 2019, son chiffre d’affaires s’élevait seulement à 145.000 dollars. Pour autant, Andrew Torba ne manque pas d’ambitions. La société propose déjà un navigateur Internet et une plate-forme de vidéos, qui n’attirent cependant pas grand monde. Et elle assure même travailler sur un smartphone pour remplacer les iPhone et les terminaux Android. “Gab n’est pas seulement un réseau social alternatif, assure son patron. Nous sommes une alternative à la Silicon Valley.” Fin 2019, sa trésorerie ne se chiffre cependant qu’à… 31.000 dollars.

Pour aller plus loin:
– Les Etats-Unis veulent limiter la protection juridique des réseaux sociaux
– Des célébrités boycottent Facebook, mais les annonceurs reviennent


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