Par , publié le 20 janvier 2021

50 secondes pour parler d’éducation en zone rurale… mais sans jamais évoquer Alibaba. Près de trois mois après sa dernière apparition publique, Jack Ma est réapparu mercredi dans une courte vidéo. Son silence avait été remarqué. Et avait alimenté les rumeurs, de l’exil à l’emprisonnement, alors que le géant du commerce en ligne se retrouve dans le collimateur de Pékin. Selon ses proches, le charismatique fondateur d’Alibaba, qui a officiellement abandonné toutes ses fonctions opérationnelles en 2019, avait simplement choisi de faire profil bas.

Introduction en Bourse suspendue – Jack Ma ne s’était plus exprimé depuis fin octobre. Dans un discours, il s’était alors violemment attaqué au système bancaire chinois, dont la “mentalité de prêteur sur gages” représenterait un frein à l’innovation. Des déclarations polémiques qui avaient agacé le régime chinois. Dans la foulée, l’introduction en Bourse d’Ant Group, la filiale de paiement d’Alibaba connue pour son service Alipay, avait été suspendue par les régulateurs. Officiellement, en raison d’un renforcement de la réglementation. La société a depuis pris des mesures pour apaiser les autorités. Mais elle n’a toujours pas été autorisée à entrer en Bourse.

Enquête antitrust – La prise de parole de Jack Ma pourrait être le signe que “les relations avec les régulateurs se sont stabilisées”, estime un observateur interrogé par Bloomberg. Mais cela ne signifie pas pour autant que les ennuis sont passés. Au-delà d’Ant, Pékin a également accentué la pression sur Alibaba. Mi-décembre, le groupe avait été sanctionné d’une amende pour ne pas avoir déclaré certaines de ses acquisitions. Une pratique très répandue en Chine mais qui n’avait jusque-là jamais été sanctionnée. Une semaine plus tard, les autorités de la concurrence avaient officiellement lancé une enquête sur les clauses d’exclusivité imposées aux vendeurs partenaires.

Reprise en main – Ces poursuites s’inscrivent dans un spectaculaire revirement. Longtemps les entreprises du numérique ont en effet profité de l’attitude laxiste, voire bienveillante, des autorités chinoises. Elles ont ainsi rarement été inquiétées malgré des pratiques agressives pour entraver la concurrence. Désormais, le gouvernement de Xi Jinping semble vouloir reprendre la main face à des groupes et des entrepreneurs devenus beaucoup trop puissants. Un vaste projet de réforme des règles anticoncurrentielles est en cours d’élaboration. Il prévoit notamment de contraindre les sociétés trop monopolistiques à se séparer de certaines activités ou à partager certaines technologies.

Pour aller plus loin:
– Pékin adresse un nouvel avertissement à Alibaba
– Comment Alibaba veut révolutionner le commerce physique


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