Par , publié le 28 février 2021

Le jugement de la Cour suprême britannique pourrait coûter des milliards de livres à Uber. Mi-février, la plus haute juridiction du Royaume-Uni a donné raison à 25 anciens chauffeurs de la plateforme de transport, estimant qu’ils auraient dû bénéficier du statut de travailleur. Et donc d’un salaire minimum et de congés payés. Plusieurs milliers de conducteurs espèrent désormais profiter de cette jurisprudence pour toucher une compensation financière et obtenir des avantages sociaux. Au-delà, cette décision constitue une véritable menace pour l’ensemble de l’Uber-économie dans le pays: les livreurs de repas pourraient, par exemple, réclamer le même statut.

Les nuages s’amoncellentAprès avoir évité le pire fin 2020 aux Etats-Unis, le secteur est en grande difficulté en Europe. En Italie, l’inspection du travail vient de condamner Uber Eats, Glovo, Just Eat et Deliveroo à payer une amende de 733 millions d’euros. Et à salarier leurs livreurs. Aux Pays-Bas, la justice vient de donner raison à un livreur de Deliveroo. Et en Espagne, le gouvernement doit présenter un projet de loi pour obliger ces plateformes à embaucher leurs livreurs. Mercredi dernier, la Commission européenne a, par ailleurs, lancé une consultation publique sur le statut de ces travailleurs. Celle-ci pourrait déboucher sur “une initiative législative avant la fin de l’année”.

Modèle remis en cause – Dès son lancement en 2009 à San Francisco, Uber a opté pour le statut de travailleurs indépendants. Ce modèle a depuis été répliqué sur de nombreux secteurs d’activité. Cette économie des petits boulots repose sur la rémunération à la tâche des chauffeurs, livreurs, promeneurs de chiens ou aides ménagères, sans aucune garantie de revenus ni d’avantages sociaux. Toutes ces entreprises assurent désormais que leur modèle économique ne peut pas fonctionner autrement: salarier leurs travailleurs se traduirait par des hausses de prix et par un manque de flexibilité, nécessaire à leur fonctionnement. Un argumentaire en partie remis en cause par la décision de Just Eat d’embaucher des milliers de livreurs en Europe.

Troisième voie – Pour préserver leur modèle économique et leur capacité de dégager, un jour, des profits – quasiment toutes ces plateformes ne sont pas encore rentables -, le secteur pourrait se ranger derrière la “troisième voie” proposée par Uber. Exposée mi-février dans un livre blanc notamment destiné aux parlementaires européens, celle-ci reprend les principes approuvés en novembre par les électeurs californiens. Elle propose un statut hybride, entre celui de salariés et celui de travailleurs indépendants, capable de réconcilier la nécessité de préserver le modèle économique avec celle de mieux protéger les chauffeurs et livreurs. Uber espère ainsi une directive européenne plus souple que certains cadres réglementaires nationaux ou décisions judiciaires.

Pour aller plus loin:
– Comment Uber a sauvé sa peau en Californie
– Deliveroo dope sa valorisation avant son entrée en Bourse


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